La navire humanitaire est bloqué depuis deux semaines devant l’île italienne avec une centaine de personnes à bord.
Le gouvernement espagnol a haussé le ton lundi contre les autorités italiennes, qu’il accuse de violer le droit de la mer en refusant au navire humanitaire Open Arms la possibilité d’accoster dans l’île de Lampedusa. L’ONG espagnole Open Arms, dont le navire humanitaire avec une centaine de migrants à bord est bloqué depuis plus de quinze jours devant l’île italienne de Lampedusa, a fait savoir par une porte-parole qu’une nouvelle «requête urgente» a été envoyée à Lampedusa pour pouvoir y débarquer les migrants, évoquant des conditions psycho-physiques «critiques».
Alors que l’ONG a rejeté dimanche 18 août la proposition du gouvernement espagnol de débarquer à Algésiras, Laura Lanuza, porte-parole de l’ONG, a expliqué que la situation d’urgence à bord de l’Open Arms ne permettait pas d’entreprendre cette longue traversée de la Méditerranée. «Nous ne pouvons pas accepter d’aller dans un port espagnol parce que nous sommes dans un état d’urgence humanitaire extrême, ce dont ils (les migrants secourus) ont besoin, c’est d’être débarqués maintenant. Il est impensable de naviguer six jours, le temps qu’il nous faudrait pour arriver à Algésiras», a-t-elle dit. «Nous mettrions en danger l’intégrité et la sécurité des passagers secourus et de l’équipage.»
Malgré un accord européen de répartition des 134 personnes secourues par le navire au large de la Libye, le ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini lui interdit l’accès au port de Lampedusa. A la demande du président du Conseil Giuseppe Conte, le chef de file de la Ligue, parti d’extrême droite, a toutefois autorisé samedi le débarquement de 27 mineurs isolés par des garde-côtes italiens. Il reste 107 passagers à bord, et leur sécurité ne peut plus être garantie, avait déclaré samedi l’ONG espagnole qui a affrété le navire. Les conditions de vie se sont considérablement dégradées et des rixes opposent fréquemment les passagers excédés, souligne l’ONG.
Son fondateur, Oscar Camps, a tweeté dimanche après-midi une vidéo sur laquelle on voit quatre migrants tentant de rejoindre à la nage le rivage de Lampedusa après avoir sauté du bateau, finalement rejoints par des sauveteurs qui les arrêtent. «Cela fait des jours que nous prévenons que le désespoir a des limites», écrit-il. «De quoi Matteo Salvini a-t-il besoin pour sa campagne ? De morts ?» L’Espagne et cinq autres Etats membres de l’Union européenne (la France, l’Allemagne, la Roumanie, le Portugal et le Luxembourg) ont accepté cette semaine de se répartir les personnes secourues par l’Open Arms. Cet accord de répartition reste d’actualité, a précisé le gouvernement espagnol.
De son côté Matteo Salvini, a vivement critiqué le refus de l’ONG d’aller jusqu’à Algesiras: «Incroyable et inacceptable. Ils organisent des croisières touristiques et ils décident où ils débarquent?» Il a aussi réaffirmé samedi que l’Open Arms aurait pu gagner les côtes espagnoles après avoir secouru les migrants et que l’ONG était pleinement responsable de la détresse des passagers du navire humanitaire. Il a également accusé l’ONG de mentir sur l’état de santé des migrants, ajoutant qu’une inspection médicale menée samedi à bord de l’Open Arms par les autorités italiennes n’avait pas conclu à une situation d’urgence sanitaire. «Ils nous disent de faire débarquer les malades, et il s’avère qu’ils ne sont pas malades, ils nous disent de débarquer les mineurs et il s’avère qu’un grand nombre d’entre eux ne sont pas des mineurs (…) Ce sont de présumés mineurs et de présumés réfugiés fuyant de présumées guerres», a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée sur Facebook.
Le Figaro avec AFP et Reuters