Nous considérons (cette attitude) de la part des régions (du Nord) comme profondément injuste, notamment envers celles du Sud, qui ont aidé l’Etat à affronter cette urgence, a déclaré M. Alfano, Sicilien d’origine, lors d’une conférence de presse commune à Rome avec le commissaire européen aux migrations, Dimitris Avramopoulos.
Interrogé lors de la conférence de presse de clôture du G7 au château d’Elmau (Allemagne), le Premier ministre Matteo Renzi a abondé dans le sens de son ministre en ajoutant même que les communes qui accueilleraient des migrants seraient récompensées financièrement.
A Rome, M. Alfano a ajouté que le gouvernement demandait une égale répartition des migrants sur le sol italien, comme nous demandons une égale répartition des migrants en Europe.
A ses côtés, M. Avramopoulos a réitéré le soutien et la solidarité de l’Union européenne à l’Italie, qui n’est aucunement seule face au problème.
Dimanche, alors que le nombre de migrants ayant débarqué sur les côtes italiennes dépassait les 50.000 depuis le début de l’année, trois importantes régions de l’Italie du Nord ont prévenu qu’elles refuseraient désormais d’accueillir de nouveaux migrants (Ligurie, Lombardie, Vénétie).
Roberto Maroni, le gouverneur de la Lombardie, a affirmé dimanche qu’il allait écrire aux maires et préfets de sa région lundi pour leur demander de ne plus accueillir d’immigrants illégaux, dont la répartition est décidée par Rome, menaçant dans le cas contraire de leur réduire les fonds alloués par la région.
Giovanni Toti, le président nouvellement élu de Ligurie (nord-ouest), l’a soutenu en affirmant notamment: nous ne recevrons plus de migrants, et la Lombardie, la Vénétie et le Val d’Aoste (trois autres régions du Nord, ndlr) feront de même.
La Lombardie, région la plus riche d’Italie, accueille actuellement 9% des quelque 76.000 migrants du pays, la Vénétie 4% et la Ligurie 2%. La Sicile, pour sa part, en abrite 22%, selon des chiffres officiels.
M. Alfano a demandé, à l’intention de M. Maroni et des autres gouverneurs du nord du pays, de conserver le sens de la mission institutionnelle.
Le président du parti anti-immigrés et anti-euro la Ligue du Nord, Matteo Salvini, qui est d’accord avec M. Maroni, s’est dit prêt à occuper la préfecture si celle-ci décide de réquisitionner des lieux pour l’accueil des migrants.
Pendant ce temps, les secours de migrants se poursuivaient lundi en Italie, avec 113 migrants qui dérivaient au large de la Libye, qu’un bateau des garde-côtes italiens a pu récupérer sains et saufs.
A Catane, ce sont 1.143 personnes, dont 117 femmes (neuf enceintes) et 47 mineurs qui ont été débarquées du bateau Bulmarck appartenant à la Royal Navy anglaise, pour être transférées dans divers centres d’accueil situés sur l’ensemble du territoire italien.
Ces migrants avaient été secourus ce week-end lors de huit opérations différentes.
(©AFP / 08 juin 2015 19h53)