Le Mali nouveau dont nous rêvons sera, telle la langue d’Esope, la pire ou la meilleure des choses suivant l’utilisation que le Président Keita fera du sceptre, symbole de l’autorité qui se trouve dans sa main. Les maliens sont conscients du fait qu’il porte un diadème épineux en ceci que ses prédécesseurs de déprédateurs lui ont laissé un héritage pas du tout facile à assumer. Dans une certaine mesure nous lui accordons des circonstances atténuantes.
A l’épreuve d’un sceptre il n’y a point d’amitié. Avec constance, nous continuerons à être de grands fureteurs et inquisiteurs qui ne manqueront pas de porter des regards critiques et caustiques sur sa gouvernance. Que le Président Keita, se souvienne que son plébiscite à la présidentielle ne fut pas l’expression de la sympathie de l’électorat à son endroit mais l’affirmation d’une espèce de courroux, d’un déni de la mauvaise gouvernance du pouvoir de ses prédécesseurs Konaré et Touré et de la Camarilla et la la bourgeoisie compradore qui s’y sont greffées. Ce “ concilia plebis” qui l’a fait roi, qui s’attend à une rupture d’avec les pratiques antérieures, se montrera très exigeant.
Il n’est un secret pour personne que le Mali d’hier fut victime de ses politiques et de ses élus. Le pays a été dirigé par la corruption, par la douce complaisance et dans le mensonge. La transparence fut regrettablement absente, ce qui a mortellement porté un frein à l’essor du pays. Les maliens veulent aujourd’hui que leur nouveau Président soit l’incarnation (in carnis en latin) de l’idéal moral du parfait surveillant de ses deniers publics. Les porteurs du pompeux et ridicule slogan du “kokadjè”, véritable numéro de cirque ont été de parfaits fossoyeurs de notre économie.
Les maliens oseront espérer de tout leur cœur que le “kankeletiqui” saura se muer en Argus, ce personnage mythologique qui, dit-on, avait cent yeux, fort vigilant et difficile à tromper. Les maliens ont rêvé d’un Président d’autorité, de conviction et de courage pour les gouverner, endiguer la concussion bureaucratique, le désordre qui caractérisent notre société. Donc il appartient au nouveau Président de nous séduire en commençant par une déclaration de son patrimoine et de ceux de son PM, des membres du gouvernement, des membres des cabinets ministériels puis les parlementaires et les maires.
Dans des combats à fleurets mouchètes, on a beaucoup jasé sur sa part de responsabilité dans la corruption rampante qui a caractérisé le Mali d’Alpha O Konaré et de Amadou Touré, on aussi caquète abondamment sur son “ château “ de Sébénikoro, sur le financement de ses campagnes présidentielles, que sais-je encore? Pourquoi ne veut-il pas saisir l’opportunité historique de gloser, d’expliquer, de s’expliquer et de convaincre le peuple malien, en éclairant sa lanterne au nom de la transparence et de la probité qui doivent être les maitre-mots de son quinquennat? J’ose bien croire que, par cet oubli involontaire, le Président Keita ne donne raison à BOSSUET qui disait que la vérité est dans les consciences, même dans les consciences des plus grands pécheurs, mais elle y est souvent oubliée. Ou bien IBK donnera raison à IBK dont le slogan-fétiche est: “ Le MALI et Ma conscience”?
A IBK de nous séduire en se soumettant à cet exercice et en l’exigeant aussi à son Premier Ministre, aux ministres, aux membres des cabinets ministériels et aux élus. Ce grand déballage qui est un gage de sincérité et de confiance ne le rendrait qu’admirable à nos yeux.
Notre plus douce espérance est de ne pas perdre confiance et l’espoir en notre nouveau président. Le rêve est permis.
Fatogoma Mohamed Ouattara
New Jersey, USA
Fouattara2@comcast.net
DiasporAction 2013-09-18 11:23:04