Grand stratège politique et acteur majeur de la démocratie malienne, le leader de l’Alliance pour la Solidarité au Mali-Convergence des forces patriotiques (ASMA-CFP) Soumeylou Boubèye Maïga a-t-il encore les moyens de ses ambitions pour le Mali ?
Après une période de gloire de 2013 à 2018, le président de l’ASMA, l’ex-Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, semble aujourd’hui un peu écarté de la gestion du pouvoir IBK, dont il demeure un maillon important. Peut-il rebondir dans le landernau politique national? Des esprits éclairés en doutent, même si l’enfant terrible de Gao n’a pas fait un trait sur ses amitions présidentielles.
Alors que le parti qu’il dirige pouvait compter sur une douzaine de députés, quand il était Premier ministre, le président de l’ASMA-CFP, Soumeylou Boubèye Maïga, ne peut se prévaloir aujourd’hui que de trois élus du peuple. Cet étiolement politique de ce haut cadre du système IBK est non seulement un signe de la méforme du parti ASMA-CFP, mais aussi un indice sur son avenir.
En effet, Soumeylou Boubèye Maïga semble tomber en disgrâce d’avec le pouvoir IBK, même s’il réclame toujours son appartenance à cette majorité. N’a-t-il pas été le seul Premier ministre d’IBK à avoir été contraint à la démission par la menace d’une motion de censure pilotée par le RPM, le parti présidentiel ? Boubèye a également été le seul chef du gouvernement d’IBK, dont la démission a été bruyamment réclamée (puis obtenue) par des leaders religieux, dont l’Imam Mahmoud Dicko et le chérif de Nioro.
Or, ces guides religieux, quoi qu’on dise, demeurent jusqu’à aujourd’hui, des leaders d’opinions non négligeables au sein d’importantes couches de la population malienne. Les inconditionnels de l’imam Dicko, ne se sont-ils pas rassemblés au sein de la CMAS, qui vient de monter au créneau, avec le FSD et le Mouvement Espoir Malikura, pour mettre la pression sur le régime IBK, au point de demander la démission du chef de l’Etat ? Donc, les acteurs qui ont plombé Boubèye sont encore vent debout contre la gouvernance IBK. Ce qui ne devrait pas arranger la situation politique de l’ASMA-CFP.
En outre, le parti présidentiel semble avoir gardé dent au leader de l’ASMA, qui lui avait arraché certains députés et cadres. Ce fut le cas de l’ancien député de Ségou, Abdine Koumaré et d’autres élus. Ce qui avait renforcé l’aura de l’ASMA et suscité beaucoup de méfiance à son encontre au sein de la majorité présidentielle d’alors. Ce qui a, durant un moment, attisé une certaine adversité entre le président du RPM, Dr Bokary Tréta et le cinquième chef du gouvernement d’IBK.
Par ailleurs, en février dernier, dans une sortie à la télé, le ministre de la Justice, Malick Coulibaly, annonçait l’imminence d’une poursuite judiciaire relative à l’affaire dite des équipements militaires, dans laquelle l’ex-Premier ministre et ministre de la Défense au moment de ces faits avait été cité. Si cette annonce se concrétisait, Boubèye risque de voir son image un tout petit peu écornée, même s’il échappait à tout condamnation.
Et certains observateurs craignent que cette affaire ne soit une sorte d’épée de Damoclès sur la tête du leader de l’ASMA-CFP. Sans oublier lors du tout prochain réaménagement gouvernemental, de supposés proches de SBM pourraient être poliment remerciés. Ce qui sera un autre camouflet pour ce stratège politique grand artisan de la réélection d’IBK en 2018. Et tous ces élément inclinent à croire que le locataire du palais de Koulouba et ses amis politiques ont fini par mettre, lentement mais sûrement Soumeylou Boubèye Maïga à la touche. Mais peuvent-ils l’enterrer ? Il faut en douter.
Baba Djilla SOW