Dans son message adressé au peuple malien, le Président de la République a réitéré son pardon expliquant que sa vie n’est rien à côté du Mali. Ces propos ont ému plus d’un citoyen et contribué à asseoir davantage sa crédibilité. « Il faut être à la hauteur de nos ambitions et de l’histoire, a précisé le rescapé président. Pour cela, nous devons avoir le sens de la magnanimité et du dialogue » a-t-il affirmé avant de dire : « Je n’ai d’autre combat que le vôtre, pour une vie libre, sereine, digne et prospère ». Et d’ajouter : « Je n’ai jamais triché avec ce pays, jamais pris la part d’autrui, jamais violé ni les principes ni les normes ni le consensus auxquels je suis partie ni mes convictions pour la démocratie ».
Pour le président intérimaire, les défis qui sont, aujourd’hui, ceux de notre Pays peuvent être relevés. « Le Mali ne s’effondrera pas, malgré les rudes coups qu’il a reçus, le Mali se redressera encore plus fier, encore plus solide », a-t-il rappelé.
Le Mali et la communauté internationale
Dioncounda, qui a passé plus de temps avec les Occidentaux et les Africains de l’ouest, ces derniers temps. Raison pour laquelle il clame l’entente, la solidarité régionale et internationale pour sortir le Mali de l’ornière. « Nous devons rester ouverts à tous les souffles, nous qui avons offert notre solidarité quand d’autres en avaient besoin, aussi bien en Afrique qu’ailleurs ! Nous devons comprendre et apprécier à sa juste valeur le formidable élan de solidarité qui s’est manifesté pour la préservation de notre intégrité territoriale et la sauvegarde de notre démocratie. A cet égard, la CEDEAO, l’Union Africaine, les Nations Unies et nos partenaires bilatéraux et multilatéraux ne sauraient être nos ennemis. Ce sont, au contraire, des mains amies qui nous sont tendues, soucieuses de nos problèmes internes certes, mais aussi des menaces, qu’en ce moment, le Mali, jadis, porteur de paix, représente pour la sécurité, de la sous – région, de l’Afrique et du monde. Nous devons, et justement pour reconquérir notre souveraineté totale accepter cette solidarité, car elle découle du contrat qu’ont signé, entre eux, les pays candidats à la communauté des démocraties. Nous n’oublierons jamais, dans ce partenariat, ce qui fait l’identité du Mali et ce que doit être son apport et ce qui doit relever de sa seule compétence » a déclaré volontiers Professeur Dioncounda Traoré.
Dans le Mali actuel, tout le monde est devenu thérapeute et devin. Chacun pense avoir la solution du problème. Et c’est pourquoi l’ancien président de l’Assemblée Nationale demande « d’éviter les débats qui nous mettent en deçà de l’Histoire et qui portent, à terme, un lourd préjudice à ce pays que nous avons en partage ».
Le nord et les élections
Dans son message, le professeur est formel : « du 17 janvier 2012, date des premières attaques perpétrées contre notre souveraineté nationale et notre intégrité territoriale par des mouvements armés, du 17 janvier à nos jours il n’y a eu aucun répit dans le processus de désintégration de notre pays. Le Mali coupé en deux, les images de personnes déplacées avec leur baluchon sur la tête, des femmes harassées tenant par la main leurs enfants apeurés, des vieilles personnes décharnées se traînant le long des axes routiers, nos populations et nos villes martyrisées. Tombouctou profanée et nos patrimoines culturels détruits …Bref ces images de la détresse humaine que nous avions l’habitude de voir à la télévision ne sont plus virtuelles. Elles sont devenues aujourd’hui la réalité malienne, une réalité qui nous rappelle cruellement que « ce n’est pas qu’aux autres que cela arrive » ! C’est pourquoi je formule les propositions suivantes susceptibles d’améliorations et d’amendements et dont j’espère qu’elles emporteront votre adhésion ».
Aussi, le président intérimaire tient beaucoup à la sécurité des institutions de la Transition. En la matière, il a réaffirmé qu’il fait entièrement confiance aux services de sécurité maliens et à l’armée malienne pour assurer la sécurité du président de la république et celles des autres institutions de la république.
Les réformes institutionnelles
Dans le but de compléter l’architecture institutionnelle afin de mieux l’adapter aux réalités sociopolitiques, aux missions de la Transition, dans l’esprit de l’article 6 de l’accord – cadre, le président de la Transition malienne a fait 5 propositions pour une bonne cohabitation et une gestion politique apaisée. Entre autres :
1. Un Haut Conseil d’Etat (HCE) constitué du Président de la République et de deux vice – présidents chargés d’assister le Président dans l’accomplissement des missions de la Transition. L’un des vice – présidents représentera les forces de défense et de sécurité, et, à ce titre, il présidera notamment le Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité et s’occupera de toutes les questions militaires concernant le Nord du Mali. L’autre vice – président représentera les autres composantes des forces vives de la Nation.
2. Un Gouvernement d’Union Nationale où seront représentées toutes les composantes des forces vives. Les consultations conduisant à sa formation seront menées par le Président de la République.
3. Un Conseil National de Transition (CNT) ayant une compétence consultative et regroupant les représentants des partis politiques présents ou non à l’Assemblée Nationale et des représentants de la Société Civile. Il sera piloté par le vice – président représentant les forces vives.
4. Une Commission Nationale aux Négociations (CNN) conforme au souhait des chefs d’Etat de la CEDEAO formulé au point 18 du communiqué final de la deuxième réunion du groupe de contact sur le Mali. Cette commission sera chargée d’engager, avec les mouvements armés du Nord du Mali, des pourparlers de paix en relation avec le médiateur de la CEDEAO afin de rechercher, par le dialogue, des solutions politiques négociées à la crise.
5. Une requête en direction de la CEDEAO, de l’Union Africaine et des Nations Unies, en fonction des conclusions de la mission qui a séjourné dernièrement à Bamako. Les vice-présidents seront nommés et le Conseil National de la Transition (CNT) sera mis en place dans les meilleurs délais, et, en tout cas, dans la quinzaine qui suivra la mise en place du gouvernement d’union nationale.
Par ailleurs il reste entendu que ni le président, ni le Premier ministre, ni les ministres ne pourront se présenter à la prochaine élection présidentielle. Mais aujourd’hui, c’est le temps de la mobilisation de toutes et de tous pour sauver notre pays en danger. C’est le temps du dépassement et de l’oubli de soi. Il s’agit actuellement d’observer une trêve dans ces guéguerres improbables. Il s’agit aussi de faire du Mali notre seule priorité, de ne plus perdre de temps dans des polémiques stériles, de se focaliser sur l’essentiel c’est-à-dire notre intégrité territoriale et notre démocratie.
« Nous devons impérativement nous mettre d’accord entre enfants d’un même pays et faire montre de responsabilité en même temps que d’une volonté et d’une détermination sans faille ; créer autour de notre armée un climat de confiance et une union sacrée pour arriver à la réconcilier avec elle même, à la reconstruire, à l’équiper et à la mettre dans toutes les conditions pour qu’elle puisse mener à bien sa mission de libération des territoires occupés » a fait savoir monsieur Traoré pour qui nous devons nous unir pour sauver notre Patrie.
Et de conclure : « Je vous en donne l’assurance, dans très peu de temps, le Mali sera débarrassé de l’irrédentisme, du narcotrafic et du terrorisme religieux, de toutes les formes d’insécurité qui mettent en danger la paix des citoyens… Un pays qui élira bientôt son futur président à l’issue d’élections irréprochables ».
Rassemblés par Issiaka Sidibé
Le Matinal
(31 Juillet 2012)