La jeunesse du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (FDR), à défaut d’aller au front pour déloger les bandes terroristes qui infestent le Nord-Mali, a fait une démonstration de force autour de ses idéaux le samedi 21 avril 2012 au Palais de la culture Amadou Hampaté Bah.
Pour un meeting, le FDR s’était massivement mobilisé face aux fluctuations des événements politiques dans notre pays exacerbés ces derniers temps par une vague d’arrestations arbitraires opérées la semaine dernière par le Comité national de redressement de la démocratie et de la restauration de l’Etat (CNRDRE). Le meeting a été marqué par les interventions très à propos des leaders du Front à commencer par son premier responsable, Siaka Diakité.
Dans une adresse très ferme le patron de la centrale syndicale (UNTM) a engagé les frontistes à un soutien sans faille au président intérimaire, le Pr. Dioncounda Traoré et au Premier ministre, Cheick Mohamed Abdoulaye Souad dit Modibo Diarra, doté des pleins pouvoirs. Le reste aux yeux de Siaka Diakité n’est que pur divertissement, diversion, dilatoire, au moment où notre pays n’en a pas besoin. « Continuons de soutenir le président intérimaire et le nouveau Premier ministre », a-t-il lancé.
« Les armes qui sont utilisées contre les démocrates à Bamako doivent être utilisées au nord où nos sœurs et mères vivent un calvaire poignant. Il faut un retour définitif à l’ordre constitutionnel et le FDR y tient comme à la prunelle de ses yeux », a suggéré le patron de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM).
Pour Ibrahima Ndiaye, 1er vice-président du FDR et de l’Adéma/PASJ, nous devons laisser les institutions de la République fonctionner normalement. « A partir du moment où on a décidé de revenir à l’ordre constitutionnel, rien ne peut encore justifier ces arrestations arbitraires. Nous devons être débout sur nos remparts afin que notre démocratie, arrachée au prix du sang humain, soit sauvegardée. Nous devons dire non à l’intimidation, non à la terreur, non au bicéphalisme au sommet de l’Etat. Le plus important aujourd’hui, c’est de libérer les villes sous occupation rebelle. Les militaires doivent aller au front, c’est là leur place », dira-t-il.
Pour Fatoumata Siré Diakité de l’APDF, « il faut commencer dès demain à déloger les nébuleuses terroristes qui règnent sur le Nord. C’est ça la priorité aujourd’hui ». Même tonalité chez Me Kassoum Tapo, qui avait été interpellé au même titre que Tiéman Hubert Coulibaly. Selon le député élu à Mopti, jusque-là on ne leur a pas signifié le motif de leur arrestation. Mais l’honorable Tapo devine que c’est certainement la position défendue par lui et Tiéman à Ouagadougou qui peut justifier leur embastillement pendant deux jours à Kati.
Dans la capitale burkinabé, les deux hommes ont soutenu que l’accord-cadre signé le 6 avril entre le CNRDRE et la Cédéao devrait être en conformité avec la Constitution. Voilà une position qualifiée de « crime de lèse majesté » par la junte de Kati. Me Kassoum Tapo, dont le cabinet et le domicile ont été mis à sac, a déclenché la tolérance zéro au piétinement de la Constitution, des libertés individuelles et collectives et à la destruction des biens des citoyens.
Il a expliqué que ce sont les leaders félons de l’AEEM ayant combattu la dictature en 1991, qui veulent prendre aujourd’hui la démocratie en otage. D’ailleurs, il s’est montré quelque peu hostile à l’accord-cadre du 6 avril qui tend à être un certificat de décès pour notre Constitution de 1992. « Les forces de l’ordre au nord… au nord… au nord… au nord », a-t-il scandé sous les vivats de la salle.
Quant à Tiéman Hubert Coulibaly, il a expliqué que les 2 jours de détention leur ont permis de réfléchir. « Aucun combat autre que celui des libertés ne doit prévaloir. Nous sommes prêts à donner notre vie pour le pays. C’est le Front qui va sauver le Mali. Les militaires doivent regagner le Nord ». Même analyse chez le président du CNJ, Abdoulaye Touré et le président de la jeune FDR, Amadou Koïta. Selon eux, « la seule chose qui reste au CNRDRE après le retour à l’ordre constitutionnel, c’est d’aller au front nord ».
« Les armes doivent crépiter au nord et non à Bamako. Au lieu d’encercler l’ORTM, il faut aller encercler Gao, Tombouctou et Kidal. Au lieu de faire de Kati un bunker, allez-y libérer nos populations du Nord », a martelé le jeune Koïta.
La présidente de la Fénacof-Mali, Mme Dembélé Oulématou Sow, a appelé les femmes à la mobilisation. « Les femmes doivent maintenir la même mobilisation que 1991 pour dire non à l’arbitraire », a-t-elle prêché.
Abdoulaye Diakité
L’ Indicateur Du Renouveau 23/04/2012