Le meeting a débuté, dans une salle pleine comme un œuf, par l’exécution de l’hymne national du Mali que scandaient jusqu’à la transe des milliers de voix, plus que persuadées de la justesse de leur cause. Le Fdr d’entrée réussissait là une véritable démonstration de force .Même la cour du mythique palais, qui, il y a vingt ans abritait la conférence nationale souveraine après que fut terrassée la dictature Gmt, refusait du monde. Tous étaient galvanisés par le bonheur de la libération de certains de leurs leaders arrêtés les 17, 18 et 19 avril par le Comité national de redressement de la démocratie et de restauration de l’Etat (CNRDRE). Les responsables du FDR majoritairement d’anciens ministres, et tous d’intrépides combattants aguerris de la démocratie, étaient tous là : Siaka Diakité de l’Untm, Tièbilé Dramé du Parena, Oumar Hammadoun Dicko du Psp, Me Kassoum Tapo de l’Adema, Me Amidou Diabaté du Parena, Ibrahima Ndiaye de l’Adema, Fatoumata Siré Diakité, ancienne Ambassadeur, représentante de la société civile, Sékou Diakité de l’Adema, Tièman Coulibaly de l’Udd, Abdoulaye Touré, président du Cnj-Mali et bien d’autres.
A leur appel, les militants du Fdr comme une marée avaient pris d’assaut le sanctuaire ou était née la constitution du 25 février 1992 qu’ils sont venus justement défendre. Tout au long du meeting, ils ont exprimé leur soucis de reconquête de l’intégrité territoriale en scandant des slogans se rapportant à cette préoccupation nationale : « libérez Tessalit !», «libérez Gao !», «libérez Tombouctou ! », « libérez Kidal !, libérez Tinzawaten ! ». Dans le même temps, partout s’affichaient les banderoles aux messages sans équivoque: le FDr dit « Non au bicéphalisme au sommet de l’Etat », « Halte aux enlèvements et à la séquestration arbitraires », « Respect strict de l’accord cadre », « Non à la manipulation et à la désinformation », « L’Etat de droit est une exigence démocratique ». L’ambiance, entretenue par des rappeurs et des artistes engagés pour la cause, était à la conjugaison, à la cohésion, au partage et à l’amour du pays, d’un pays blessé mais pas tombé.
Remerciant les militants pour leur mobilisation, le président du Fdr les a rassurés de la justesse de leur cause en leur faisant comprendre qu’ils sont dans le camp de ceux qui gagnent et de ceux qui gagneront toujours. Grâce aux efforts de tous, dira t-il, « nous avons réussi à remettre en place la constitution du 25 février 1992 » et d’ajouter : « nous refuserons toujours et n’admettrons jamais l’arbitraire. Le Fdr continuera à soutenir le président de la République par intérim, le Pr Dioncounda Traoré, et le premier ministre, Dr Cheick Modibo Diarra. Parce qu’ils incarnent la légalité. Selon lui, le combat à mener est le rétablissement de l’ordre constitutionnel normal dans toute sa plénitude et la libération du nord-Mali, car la population du nord vit le martyr.
Pour Ibrahima Ndiaye, vice président du Fdr, le meeting, à l’initiative de la jeunesse Fdr n’est que le début d’un long processus. Il a souhaité la réalisation d’une union sacrée de tous ceux qui aiment le Mali et qui sont prêts pour le combat de la justice et de la légalité à se mettre ensemble pour remporter les succès du présent et de l’avenir. Il a invité les forces armées maliennes à se donner la main pour mener l’assaut, tout en fondant un espoir sur l’appui de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), pour la reconquête du nord-Mali. Pour Fatoumata Siré Diakité, présidente de l’APDF et représentante de la société civile : « quand le nord est malade, le sud ne peut pas bien se porter ». Selon elle, les raisons du coup d’Etat du 22 mars dernier ont porté sur la libération du nord, mais trois semaines durant, jusqu’à présent rien n’est fait.
Pas un mot, pas un geste, pas une initiative, même humanitaire, pas un mot, rien. Elle a rappelé que le Mali est une terre d’accueil et sa démocratie était citée en exemple à travers le monde. Et c’est cette démocratie qui, aujourd’hui, est mise à mal et qui s’est traduit ces derniers jours par . les arrestations arbitraires des membres du Fdr et d’autres personnalités.
Intervenant à son tour, Me Kassoum Tapo , dont le discours fut à la fois intense, grave , pertinent et galvanisant a fait savoir qu’il ignore encore , au moment où il parle, les motifs pour lesquels Tièman Coulibaly et lui-même avaient été interpelés sans qu’aucun motif n’ne leur ait été opposés, au mépris de toute loi. Pour lui, la raison est à rechercher dans le fait qu’à Ouagadougou lors de la réunion qui réunissait la classe politique , le médiateur et leurs contradicteurs ils ont soutenu que l’Accord- cadre doit respecter la constitution du 25 février 1992, écrite en lettres de sang. Il a témoigné que son domicile a été violé et que son cabinet a été saccagé. Qu’à cela ne tienne, martèle-t-il, désormais pour le FDR, ce sera la « Tolérance zéro par rapport à la violation des individus et de la constitution ». Quant à Tièman Coulibaly, aucun combat n’est plus valable aujourd’hui que celui pour la démocratie qu’ils sont ainsi en train de mener.
« En nous arrêtant, c’est la démocratie qui a été arrêtée. Nous sommes prêts à donner notre vie pour le Mali », a-t-il dit. Abdoulaye Touré, président du Cnj-Mali, ainsi qu’Amadou Koïta, représentant des jeunes du Fdr, ont tous deux soutenus que l’heure n’est plus au discours mais à l’action. Ils invitent le Cnrdre à aller libérer le nord. « Le Mali nous appartient tous. Nous allons défendre la démocratie, la liberté, la constitution, l’Etat de droit », a conclu Amadou Koïta l’avant dernier orateur avant que Siaka Diakité , président du Fdr ne clôture le meeting en invitant chacun à se mobiliser pour le Mali et pour la démocratie.
Aguibou Sogodogo
Le Républicain Mali 23/04/2012