Le collectif des commerçants du Mali présidé par Ibrahim MAÏGA est très remontés contre le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCIM), Youssouf BATHILY, et celui du Syndicat National des Commerçants Détaillants (Synacodem) Cheick Oumar SACKO. Ces deux personnalités sont les principaux responsables des commerçants au niveau national et dans le district de Bamako. Ils sont accusés d’être des alliés du pouvoir contre les commerçants qu’ils sont sensés représenter, et qui n’ont pas senti leur implication pendant la grève des commerçants des 3 et 4 mai derniers. Au cours d’un meeting organisé par le collectif de dizaines d’associations et de syndicats des commerçants détaillants du Mali, à la place du souvenir du grand marché le samedi 30 juin 2018, certains responsables du collectif ne veulent pas moins la démission du président de la CCIM. Le collectif projette d’organiser une grève sur toute l’étendue du territoire national, le jour de l’ouverture de la campagne présidentielle, si leurs doléances touchant au visa chinois et au tarif douanier, ne sont pas prises en compte.
Au cours de ce meeting du 30 juin, place du souvenir, le Collectif des commerçants a fait le compte rendu des démarches entreprises auprès du ministère de tutelle depuis la grève des 3 et 4 mai 2018, et dégager une position commune à tenir dans les jours à venir. Selon les animateurs de ce meeting dont Ibrahim MAÏGA, président de l’Association des Commerçants Voyageurs du Mali et de la Diaspora Malienne (A.COV.MA.DIA), Salif SIMPARA, président du Comité de Marché Dabanani Nienta, Mamadou COULIBALY, représentant du Marché Dibidani, Moussa SACKO, coordinateur du collectif, le gouvernement à travers le ministre du commerce et de la concurrence Abdoul Karim KONATE a invité le collectif le 28 mai dernier après la grève de 2 jours. Cette rencontre a vu le ministre KONATE aborder six points, parmi les 7 inscrits sur le préavis de grève. Le ministre avait donné son accord pour la recherche des solutions dans un bref délai, selon les conférenciers. Cependant, le seul point rejeté catégoriquement par le ministre, concerne le tarif de dédouanement. Or l’importance de ce point est énorme parmi les doléances du collectif. « Si les taux de dédouanement ne sont pas révisés, alors le problème reste entier », note Moussa SACKO.
Le deuxième sujet est l’octroi des visas chinois pour les commerçants. Ce sujet est devenu encore plus compliqué après la dislocation de la fameuse commission visas chinois de la CCIM qui traitait 50 dossiers par semaine. Aujourd’hui, c’est le président de la CCIM Youssouf BATCHILY, lui-même, qui délivre des lettres de recommandation pour aller déposer les dossiers. Au total 8 notes verbales sont délivrées par ses soins chaque semaine. « Ce qui est très insignifiant et même insultant à notre égard » se révolte Moussa SACKO. Ce qui veut dire que ce point a énormément régressé. Selon le collectif, normalement chaque candidat voyageur doit aller déposer ses propres dossiers sans intermédiaire. « Pour nous les membres du collectif élargi à nos représentants dans les régions de l’intérieur, ces deux points sont très importants pour nous et doivent trouver des solutions dans de meilleurs délais. En plus de ces deux points, les régionaux sont venus avec leurs doléances spécifiques ; l’association des détenteurs de quincaillerie a ses propres doléances, les fournisseurs des marchés publics ont aussi leurs doléances. C’est pourquoi nous allons mettre toutes les doléances ensemble sous forme de préavis de grève qui sera déposé bientôt», a souligné Ibrahim MAIGA. Mais avant cela, les membres du collectif ont programmé une marche pacifique de la place du souvenir à la CCIM, et de là, jusqu’au ministère du commerce et de la concurrence. « C’est nous les commerçants, qui contribuons beaucoup au budget de la douane. Avec la situation actuelle, le budget de la douane commence à avoir des difficultés dans la mesure où jusqu’au 20 de ce mois, elle n’a pas pu récupérer son budget du mois dernier. La raison en est que nous avons commencé à bloquer techniquement les marchandises. Dorénavant nous allons officialiser cette pratique en demandant à tous les importateurs de ne pas aller dédouaner leur marchandises, afin leurs recettes connaissent encore plus de difficultés, afin que l’Etat sache, de qui proviennent les recettes de la douane malienne. Cette fois ci nous irons jusqu’au bout même si nous devons mourir», assène Moussa SACKO. Le dernier point concerne les élections du président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali (CCIM). Ce point très sensible doit se faire dans les tous prochains jours par le toilettage et la correction des textes de la CCIM, truffés d’insuffisance. « Le point culminant de ce texte jugé injuste par le collectif, est relatif au principe de voix élective de cinquante commerçants détaillants pour un commerçant import-export. Ce principe doit être corrigé dans les meilleurs délais », a exigé Ibrahim MAIGA.
La grogne des commerçants est d’autant plus forte que le président de la CCIM et celui du SYNACODEM, non moins président de la CCIM du district, ont affiché une indifférence totale et un refus dédaignant de défendre les commerçants, qu’ils sont sensé représenter, lors de la grève au mois de mai dernier. « Youssouf BATHILY, le président de la Chambre de commerce et Cheick Oumar SACKO, le président du SYNACODEM doivent démissionner », a assené Ibrahim MAÏGA, le président du collectif regroupant des dizaines d’associations de commerçants. A ce meeting, on notait la présence des commerçants venus de plusieurs régions dont Sikasso, Ségou, Mopti, qui promettent de restituer les décisions du Collectif dans leurs localités. On note également, la présence de l’activiste Ras Bath, qui a eu droit à la parole, en évoquant l’obligation de l’Etat à protéger les intérêts des citoyens : les commerçants maliens ont des problèmes pour obtenir le visa chinois, alors que les Chinois font librement le va et vient et inondent le marché malien sans difficulté. Pour faire mouche, le collectif des commerçants veulent choisir la date du lancement de la campagne présidentielle, pour aller en grève, car disent-ils, les commerçants représentent au moins 4 millions d’électeurs. « Nous pouvons élire le président de la République, c’est nous qui finançons les religieux », a laissé entendre Ibrahim MAÏGA. Pourtant, ce même collectif avait recherché des voies de négociation en vain. Personne ne voulait les écouter et pour cause, le gouvernement comptait sur ‘’ses alliés” du SYNACODEM et de la CCIM. Malheureusement, ces derniers ne semblent plus avoir la représentativité et la crédibilité nécessaires vis-à-vis de ceux qu’ils sont censés défendre. Selon un interlocuteur qui requiert l’anonymat, les autorités ont pensé que la CCIM et le SYNACODEM avaient la mainmise sur les commerçants, ou tout au moins un leadership du milieu des affaires. Mais, il n’en est rien, la CCIM et le SYNACODEM n’ont plus de crédibilité aux yeux des commerçants, qu’ils sont censés représenter. Le gouvernement a-t-il suffisamment compris cela pour ne pas prêter une attention à leurs préoccupations ?
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