Si certains journalistes restaient dubitatifs quant à un rassemblement populaire digne des grands jours, la grande salle Djélibaba Cissoko du C.I.C.B a finalement refusé du monde le week-end dernier. Preuve que Me Mamadou Gakou garde intacte l’estime dont il a toujours bénéficiée auprès des foules maliennes. Preuve aussi que le grand avocat demeure un redoutable monstre politique capable de faire trembler l’échiquier. Preuve, enfin, que le phénix, en renaissant de ses cendres, ne fera pas de la figuration dans la perspective de l’élection présidentielle de 2012. En tout cas, le meeting de la Copp aura été pour le moins un test grandeur nature qui a bien mobilisé du monde : une ribambelle de groupements associatifs et d’importantes personnalités de notre pays ont tenu à y participer à la grande satisfaction, on s’en doute, de l’ancien 4èm vice président de l’Assemblée nationale, qui ne fut pas moins président de la commission des lois. Cependant, sur la vingtaine de partis politiques invités au meeting, malheureusement, seul le P.I.D.S était représenté par son 2ème vice président en la personne de Dioncounda Samanbali. Une absence criarde de partis qui n’aura aucun effet sur le président de la Copp qui, en bon avocat, n’a fait que défendre avec foi et conviction la devise plus que jamais chère à son parti : « Unité-Progrès-Solidarité. »
Dans son allocution, Me Mamadou Gakou n’est pas allé par quatre chemins. Tel un lion brusquement réveillé, il a asséné des coups de griffes qui présagent des coups de canines plus dures. Pour lui, c’est d’abord la tenue de ce meeting qui est significative à plus d’un titre. Il s’agit, en effet, de discuter des questions préoccupantes de la nation. D’où les remerciements envers tous ceux qui ont tenu à exprimer et à manifester une telle sympathie au parti de l’étoile dorée. Le P.I.D.S, le seul parti politique présent à ses côtés, reçoit les mots les plus chaleureux du président Me Gakou. « La présence du P.I.D.S à ce meeting est réconfortante plus que jamais. La loyauté, l’intégrité morale et la compétence en matière juridique font de son Président, Daba Diawara le président du Comité d’Appui aux Réformes Institutionnelles ».
Il ressort de la réflexion de Me Gakou que la Convention Parti pour le Peuple (CO.PP) est un parti fait d’hommes intègres dont les cœurs battent pour la nation. « Notre parti a pour préoccupations le bonheur pour chacun, la justice pour tous. Ce n’est pas une association de bien pensants malfaiteurs », a-t-il dit. Une profession de foi dont le pays a besoin qu’elle se traduise dans les actes de tous les jours.
L’état d’esprit dans lequel la CO.P.P fait sa rentrée politique est à la fois optimiste et rassurant pour Me Gakou. La présence du parti dans plus de 522 communes en République du Mali en est une illustration concrète. Une autre de croire en soi, c’est que le parti vient de rompre avec la loi du silence mortel. « Le silence est toujours négatif », répond-il à un journaliste de la presse écrite. Voilà qui annonce de belles joutes au regard des perspectives politiques qui sont celles de notre démocratie dans les mois à venir. Et Me Gakou a le talent de l’orateur des bons moments si l’on se réfère à son passé vieux de seulement neuf ans. Il manquait désormais sur l’échiquier politique national un tribun de la plèbe, un pourfendeur au verbe haut, féroce s’il le faut. On l’aura peut-être avec le sympathique avocat toujours bien mis. Mais pas du tout galant quant il s’agit de dénoncer ! L’exclamation vaut l’exigence de ne pas décevoir.
De l’incompétence à grande échelle
Qui aurait pu croire l’avocat lorsqu’il affirma sans sourciller que son parti n’est pas une structure électoraliste, pas non plus pour un partage du gâteau ? Ce n’est pas facile, dans un environnement politique miné par des vautours planant sans arrêt dans le ciel, en quête permanente de pourritures à se mettre avec volupté dans le gosier. Me Gakou trace en tout cas bien sa ligne qui permet de se démarquer des autres formations politiques qui, jusqu’ici, apportent un soutien aveugle au président de la République, Amadou Toumani Touré et à son fameux Pdes, programme politique reconverti en parti. « Autant nous reconnaîtrons les mérites du gouvernement, autant nous flétrirons leurs incartades. » Qu’on se le tienne pour dit. Le tableau politique de notre pays, à travers la peinture qu’en fait Me Gakou, est loin d’être reluisant.
Selon lui, la diplomatie malienne est en panne. « Nous sommes inquiets de constater que la voix du Mali n’est plus écoutée. Notre énorme richesse est le sens de la réconciliation des peuples. » A la création de l’Organisation des Nations Unies en1945, les 90% des résolutions provenaient du Mali. Ce qui est un motif de fierté nationale pour un pays pauvre qui joue un rôle de leader en affirmant ses prises de position devant les puissants du monde. Les conflits du Libéria, du Tchad ont tous trouvé leurs solutions au Mali, a martelé Me Gakou.
Au sujet de l’armée malienne, le constat que fait le président de la CO.P.P est plutôt alarmant et même humiliant. Jadis l’armée malienne était redoutée. Mais aujourd’hui, elle est totalement dépourvue de moyens scientifiques, techniques et modernes.Toute chose qui expose notre pays qui n’est jamais à l’abri des bandes de malfaiteurs. Le conférencier fera remarquer enfin que la nation doit consentir les sacrifices nécessaires pour la protection du citoyen.
Quant à l’école malienne, il dira que c’est un échec cuisant qui exige une recherche de solutions rapides au risque d’être colonisés par des étrangers vivant en coopérant depuis longtemps au Mali. Pour Me Gakou, il urge d’améliorer les conditions de vie des enseignants afin que le slogan pour une nation ambitieuse puisse devenir la réalité. Il faut aller vite car, à l’indépendance, le Mali avait 50 000 élèves et étudiants contre 4 millions d’habitants et, aujourd’hui, il compte 4 millions de scolaires, soit la population du Mali indépendant.
Pour que l’Etat réussisse dans sa mission, il va falloir qu’il renonce à son train de vie, au gaspillage, à la dilapidation des ressources publiques. Un message de bon sens, mais sera –t- il reçu comme il faut ?
Moussa Wélé Diallo
Le National 14/03/2011