Décidément, la ruche n’en finit pas d’enregistrer des départs. Ainsi, pendant ce seul mois de juin, il y a eu plusieurs démissions élargissant la longue liste des blasés. Parmi ces démissions, on peut citer entre autres celles du député Abdoulaye Dembélé élu à Koutiala, de Zoumana Mallé, de Kalifa Traoré, respectivement Président et 2e Adjoint au Conseil de cercle de Koutiala, ainsi que de plusieurs conseillers communaux dont le maire de N’Tossoni, Seydou Sogoba. Pour ne rien arranger, c’est au tour de Me Abdoulaye Garba Tapo, ancien ministre de la justice et ancien membre du Comité Exécutif de l’ADEMA-PASJ, de rendre le tablier.
Tous ces militants qui ont démissionné de l’ADEMA ont débarqué au RPM. La CMP s’est-elle fissurée pour que l’éléphant RPM chasse sur le terrain de ses alliés ? L’ADEMA-PASJ va-t-il enfin se réveiller pour protester contre son allié dont les actes sont politiquement incorrects ? Ceux qui sont partis ont-ils raison ? Nous avons rapproché Me. Abdoulaye Garbo Tapo qui nous livre ici quelques raisons de son départ de l’ADEMA et de son adhésion au RPM.
L’enfant de Mopti n’est plus à présenter au Mali, il fait partie de l’intelligentsia. Il a à son actif plusieurs ouvrages et ses anciens étudiants de l’ENA et d’ailleurs se souviennent toujours d’un homme rigoureux, méthodique et qui a une grande capacité de réflexion. Voici quelques grandes lignes du parcours de l’homme qui a déserté la ruche : Il a fait ses études de Droit à Angers et à Toulouse en France. Ancien assistant à la Faculté de Droit de Dakar, chargé de cours à la faculté de Droit et à l’université Catholique de Bamako. Il est avocat à la Cour, écrivain et Ancien Ministre de la Justice.
Me. Abdoulaye Garba Tapo a été successivement Secrétaire Administratif et Vice-Président du RDP de feu Almamy Sylla, Président du RND jusqu’à sa fusion à l’Adéma dont il devint le 8e Vice-Président, poste qu’il détiendra jusqu’au dernier congrès des abeilles où à la surprise générale, il ne fut point reconduit à cause de ses distances avec le clan Dramane Dembélé. Il vient officiellement de démissionner pour atterrir à la Sous-Section RPM de Mopti où visiblement son audience semble rester intacte.
Joint au téléphone sur les raisons de son départ, Me. Tapo est resté très évasif. Mais tout semble indiquer qu’il déplore les modalités du dernier congrès ordinaire de l’Adéma qu’il analyse comme une véritable OPA qui a vu des dirigeants que rien n’appelait à un tel niveau de responsabilité à part les énormes moyens financiers sortis d’on ne sait où et qui ont fait main basse sur le parti. Il s’étonne par ailleurs aussi qu’un Dioncounda, qui a failli faire les frais des mêmes pratiques, n’eut- ce été l’intervention du Président ATT à l’époque, ait pu laisser son parti tomber entre de telles mains et même s’en faire le complice. A ses yeux Dioncounda a raté de façon lamentable sa sortie et devra un jour ou l’autre répondre des conséquences de cette légèreté. Me Tapo pense sincèrement que l’aura acquise par Dioncounda en sa qualité de Président intérimaire aurait dû lui donner les ressources morales nécessaires pour éviter la situation peu reluisante que vit l’Adéma aujourd’hui.
A la question de savoir, pourquoi le choix du RPM, Me. Tapo rappelle qu’il a été l’un des rares a ouvertement déclaré, contre l’avis officiel de l’Adema, son soutien à IBK pour le second tour des Présidentielles. A Mopti on l’a vu à l’oeuvre et son soutien a été fort remarqué et même déterminant aux yeux des militants RPM de Mopti qui depuis lui faisaient les yeux doux pour l’amener dans leur camp. Me. Tapo rappelle d’ailleurs toute l’aide et la fraternité dont il a pu bénéficier du tandem Alpha et IBk qui semblaient prêts à lui offrir tout ce dont pouvait rêver un jeune homme ambitieux, députation sur une liste gagnante aux législatives en Commune 6, et autres honneurs qu’il ne pouvait accepter pour ne pas frustrer ses jeunes compagnons. Dès lors, s’il devait quitter l’Adema, ses pas ne pouvaient le porter que vers le RPM de Mopti. Mais il compte y jouer un vrai rôle politique et non pas celui de thuriféraire et autres courtisans plus actifs sur les ondes et dans les déclarations que sur le terrain
En définitive, le départ de Me. Abdoulaye Garba Tapo de l’ADEMA est une véritable saignée pour ce parti. Et l’ADEMA doit se poser aujourd’hui les vraies questions, pourquoi il n’arrive pas à garder ses militants ? D’un départ à un autre, il pourrait finir par se vider de ses matières grises qui étaient jusqu’ici son avantage comparatif par rapport aux autres formations politiques.
Youssouf Sissoko
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