« C’est une situation absolument dramatique. Les récents évènements au Nord ont porté un coup dur au tourisme de notre pays. Et nous les acteurs en souffrons énormément. C’est une publicité dont le Mali n’avait pas besoin ». C’est en ces termes que le directeur général de l’Omatho décrit la passe que traverse en ce moment le secteur touristique malien.
Depuis l’éclatement de la crise, le Mali, particulièrement son tourisme, est victime de lynchage médiatique de la part de la presse occidentale. Du coup, les chancelleries européennes, précisément celle de la France, ont déconseillé à leurs ressortissants la destination Mali en réduisant le tourisme au Nord du Mali alors qu’il en existe plusieurs autres dans notre pays. En clair, conclut M. Mahamadou Keïta, il n’y a pas de doute : le Mali est victime d’une campagne médiatique qui a affecté un des secteurs porteurs de son économie : le tourisme.
Conséquences dramatiques
Au Mali, la saison touristique est marquée chaque année par la fréquentation des sites par les visiteurs internationaux ainsi que leur présence aux différentes manifestations touristiques et culturelles (festivals, cérémonies rituelles, etc.). Ce qui fait que notre pays était l’une des destinations touristiques les plus en vue.
Mais depuis deux saisons touristiques, regrette le directeur de l’Omatho, le secteur connait une descente aux enfers à travers la baisse du taux de fréquentation. De 250 000 visiteurs en moyenne chaque année, nous sommes actuellement à 120 000 touristes seulement depuis 2009, soit une réduction de plus de 50 % du taux de fréquentation.
Ceci a eu des conséquences dramatiques pour nous, regrette M. Keïta. Qui argue qu’on a assisté à un arrêt des vols charters en direction de Mopti et de Gao, une annulation des réservations d’hôtels par des voyagistes, la réduction des dépenses liées à la visite des sites (guidage, location de véhicules, restauration, achats de cadeaux, etc.). « On a aussi subi comme conséquences, poursuit-il, les difficultés pour les entreprises touristiques (agences de voyage, hôtels, location de véhicules, etc.) et les artisans de payer le salaire du personnel, les impôts et taxes, les prêts constatés auprès des institutions de financement, la baisse du niveau des investissements touristiques, l’arrêt de certains projets, surtout hôteliers, le désespoir de nombreux prestataires informels, etc. ».
La réponse par un plan de relance
Face à la situation de crise, les autorités de notre pays devraient retrousser les manches. Et l’une des missions assignées au nouveau patron de l’Omatho est d’impulser une nouvelle dynamique au secteur. C’est dans cette dynamique que les acteurs (les opérateurs privés et publics) ont eu de nombreuses concertations et ont adopté certaines mesures. Pour atténuer davantage les efforts négatifs de cette crise sur l’économie malienne en général et sur le secteur du tourisme en particulier, il a été suggéré, à l’issue des concertations, de mettre l’accent sur la communication en redynamisant la cellule de communication du département. Aussi, nous confie le directeur de l’Omatho, il est question pour nous désormais de communiquer à l’intention de nos consultants à l’étranger (France, Espagne, Allemagne, USA, Canada) toutes les informations liées aux rencontres et manifestations de tout genre programmées ou organisées au Mali pour diffusion auprès des Tours opérateurs, et des médias.
« Comme mesures, nous avons jugé utile de fournir les mêmes informations à la diaspora malienne, aux acteurs du tourisme (agences de voyages, hôtels, associations), aux institutions (Présidence, primature, Affaires étrangères) et aux partenaires (Ambassades, consulats, Pnud, Unesco, Union européenne, OMT, OCI, Uémoa et Cédéao) », annonce M Keïta. Qui explique par ailleurs l’adoption d’un programme d’activités, le 18 mai, par les principaux acteurs du secteur. Ce programme, précise notre interlocuteur, se déroulera en trois volets.
Dans le premier, dit-il, il sera question d’informer les prescripteurs de la destination Mali des mesures de sécurité engagées par l’Etat dans le septentrion et surtout sur le trajet Douentza –Tombouctou. Dans le domaine de la promotion, le nouveau plan prévoit une réorientation des activités sur les marchés porteurs comme : les Etats-Unis, le Canada, l’Allemagne, le Japon, l’Europe de l’Est, la Corée du sud et la Chine). « Parallèlement à cette action, nous allons promouvoir les sites faiblement exploités au Mali (Sikasso, Kayes, Ségou, Koulikoro) par les organisations d’Eductours et des voyages de presse », a déclaré le directeur de l’Omatho.
Issa Fakaba Sissoko
L’ Indicateur Renouveau 24/05/2011