Il ne faisait pas forcément partie des favoris, et il se retrouve à la tête d’un groupe écouté, en France, par 14 millions d’auditeurs chaque jour. Pour diriger Radio France, institution dont le bâtiment rond en bord de Seine vient de fêter ses 50 ans, le CSA a choisi un homme jeune. À 37 ans, Mathieu Gallet a travaillé dans de grands groupes privés : Canal+, Warner, Pathé. La radio, ce sera une découverte pour cet homme pressé, passé aussi par plusieurs cabinets ministériels.
Le CSA, qui retrouve le pouvoir de nomination des patrons du service public de l’audiovisuel perdu sous Nicolas Sarkozy, a-t-il voulu donner des gages d’indépendance ? Toujours est-il que Mathieu Gallet a fait carrière dans des gouvernements … de droite. Au ministère de l’Industrie, avec François Loos, à la Culture, avec Christine Albanel, puis Frédéric Mitterrand. « Sitôt vu, sitôt nommé directeur de cabinet adjoint », écrit d’ailleurs l’ancien ministre dans son livre La Récréation.
Nommé en 2010 président de l’Institut national de l’Audiovisuel, chargé, entre autres, de la conservation des archives, le mandat de Matthieu Gallet devait s’achever l’année prochaine. Il a justifié sa candidature – d’abord démentie- à Radio France, par « les enjeux de modernisation sociale d’un grand groupe public », chantier qu’il avait déjà mené à bien à l’INA.
Mais à Radio France, l’échelle n’est plus la même : il s’agit de renégocier les conventions collectives de 4 300 employés, dans une entreprise au budget de 660 millions d’euros, et qui vient tout juste d’échapper à une grève dans ses deux grands orchestres.