Si la chose avait été du fait de l’armée régulière du Mali, les protestations, les condamnations, les mises au ban et traduction devant des juridictions internationales n’auront pas manqué. Nous aurions été accusés de tous les maux et voués aux gémonies. Mais ce n’était pas l’armée qui se rendait coupable de telles atrocités, elle était plutôt la victime malheureuse. Et du coup, … silence radio. Tous ceux qui habituellement montaient au créneau et menaçaient si promptement de tribunal pénal international se sont tus. C’est cela le double standard dont nous nous préoccupions il y a peu. Si la loi internationale, l’opinion internationale, c’est-à-dire le point de vue, la position de l’occident, voire ses intérêts sont désormais la mesure du droit, du légal et du licite alors, pour être crédible, elle devrait s’appliquer à tous, dans les mêmes termes, partout. Dans le cas d’espèce, le Mnla ayant revendiqué sa « victoire » sur Aguelhok elle est, de facto, comptable de toutes les tueries, crimes de guerre qui y ont été perpétrés.
Voilà quelques unes des vérités qu’assenait à l’opinion internationale, un Att qui ne faisait pas mystère du parti pris de ceux qui par leur capacité d’intervention pouvaient aussi bien prévenir que mettre fin à toute guerre. L’interlocuteur d’Alain Foka sur Rfi était choqué, en direct, qu’aucune commission d’enquête sur les atrocités et crimes à Aguel Hok n’ait été diligentée, pas même par un Quai d’Orsay qui clamait la nécessité d’un dialogue entre parties belligérantes, comme si ce qui s’est passé à Aguel hok n’était qu’une simple péripétie de guerre. Comme s’« il était possible de guérir une plaie s’en en extraire le pus qui s’y était installé. » Oui il faut aller au dialogue mais un dialogue qui ne cachera rien de la vérité, même la plus cruelle, même la plus honteuse. Car, faut-il le rappeler « il n y a rien justement de plus grave pour la vérité qu’une partie seulement de la vérité »
Dans le même ordre d’idées, le chef de l’Etat a réitéré ses observations à propos des effets collatéraux de la crise libyenne. Il était évident que la dislocation et la dispersion de l’important arsenal, le plus important au monde, peut être, n’aurait pas été sans conséquences sur les pays du champ, en particulier les plus fragiles d’entre eux. Pourquoi dès lors n’a-t-on rien fait ?
Ce qui se passe aujourd’hui est dans une large mesure la conséquence de ce qui se déroulait sur le sol libyen. Le Mali le ressent aujourd’hui de plein fouet mais c’est toute la communauté internationale qui court le risque de l’onde de choc de la déflagration, quand on sait les dégâts que les missiles SAM enfouis dans le Sahara peuvent causer.
S.El Moctar Kounta / Baba Dembélé
Le Républicain Mali 28/02/2012