Au cœur des amabilités entre les deux parties se trouvera sans doute la désormais épineuse question de l’Amo (assurance maladie obligatoire) qui fait dresser les cheveux du monde syndical depuis plusieurs semaines déjà. Remontés à bloc contre les prélèvements sur les salaires destinés à alimenter la Canam (Caisse nationale d’assurance maladie) dont ils réclament urbi et orbi la cessation, la Cstm et ses partenaires n’entendent pas quitter la ligne de front sans avoir satisfaction. Leur détermination sur la question n’a tout simplement d’égale que leur volonté d’en découdre avec les pouvoirs publics. C’est ainsi que la marche nationale de protestation devant se tenir dans l’ensemble des cercles du pays et programmée pour demain, 19 avril, est maintenue. Là-dessus, assure-t-on, aucun conciliabule de dernière minute ne changera la donne.
Cette position a d’ailleurs été réaffirmée au cours d’une réunion tenue au siège du Développement social le jeudi, 14 avril. Celle-ci a mis en face, durant deux heures d’horloge, d’une part le nouveau ministre de tutelle, Harouna Cissé, et tout son staff et le patron de la Canam, Nouhoum Sidibé, et, d’autre part, les représentants de la Cstm, de la Coses (Coordination syndicale des enseignants du secondaire) et le syndicat de la police nationale affilié au Syntade (syndicat national des travailleurs de l’administration d’Etat) qui est par ailleurs membre de l’Untm dont le secrétaire général n’est personne d’autre que Siaka Diakité, lui-même issu du Syntade. Le syndicat national de la police fait-il donc de l’indiscipline syndicale puisque l’Untm ne participe nullement au mouvement de protestation contre les retenues sur les salaires pour la mise en route de l’Amo ?
Sur cette interpellation, Siméon Keïta est clair en réaffirmant son identité syndicale : le syndicat national de la police fait bel et bien partie du Syntade qui est affilié à l’Untm. Mais il tient à faire savoir que, durant les sept ans qu’ont durés les négociations sur l’Amo, Siaka Diakité n’a pas une seule fois informé le bureau de l’Untm sur le sujet. Ce déficit de communication est peut-être pour beaucoup dans les difficultés que rencontre l’opérationnalité de l’assurance maladie au centre aujourd’hui de plusieurs controverses. Pour le moins, la notion même d’obligation de l’assurance maladie est contestée, sans compter le fait que certaines corporations ont déjà 100% d’assurance en la matière, un seuil loin de ce que propose la Canam (70%, sans la possibilité de l’évacuation en cas de nécessité).
Difficile baptême de feu pour le ministre Cissé
Par ailleurs, M. Luc Togo, Directeur national de l’économie solidaire et de la protection sociale, qui a participé à toutes les négociations sur l’Amo depuis le début, en tout cas depuis au moins l’adoption de la loi en 2009, a noté qu’effectivement, la Cstm a fait part de ses protestations exactement le 6 août 2010 au ministre du développement social, de la solidarité et des personnes âgées qui s’était engagé en son temps à mettre en place la logistique et les moyens financiers pour une large information du monde des travailleurs au regard des inquiétudes pointées par la centrale syndicale que dirige Hammadoun Amion Guindo. Malheureusement, cette promesse a été parole en l’air. D’où la situation actuelle. Dans tous les cas, la Cstm et ses partenaires réclament toujours la cessation immédiate des retenues sur les salaires et le remboursement sans délai des prélèvements déjà effectués. Et voilà le champ de bataille ouvert. Le ministre Harouna Cissé n’a certainement pas souhaité un tel baptême de feu.
Amadou N’Fa Diallo
Le National 18/04/2011