MARCHE DU 5 JUIN   La démocratie malienne dans le collimateur

Depuis quelques années, des voix s’élèvent pour critiquer la démocratie malienne. La marche du 05 juin 2020 n’a pas fait exception à la règle. A cette occasion, l’ancien ministre de la Culture, Cheick Oumar Sissoko (acteur du mouvement démocratique) a défendu que le travail n’ait pas été bien fait après la révolution du 26 Mars 91. On pouvait aussi lire sur des pancartes, «Nous réclamons un nouveau système» comme pour dire que la démocratie a fait son temps et qu’elle doit céder la place à un autre système. Heureusement que ce sont ces mêmes acteurs de la démocratie qui mènent aujourd’hui la danse en réclamant la démission du président de la République, Ibrahim Boubacar Keita.

 

Le Mali restera un Etat laïc et républicain

La grande mobilisation pour la démission du président IBK par les deux influents leaders religieux du pays (Cheick Hamahoula Bouyé et Imam Mahmoud Dicko) est perçue comme un processus d’islamisation de l’Etat malien. Mais l’idée est balayée par le président de la Plateforme pour la lutte contre la corruption et le chômage (PCC), Pr. Clément Dembélé, qui rassure la communauté internationale contre la propagande du pouvoir en place. « Le Mali reste un Etat laïc et républicain», a-t-il défendu. L’idée ne manquera certainement pas de faire l’unanimité car la situation sociopolitique du pays l’exige et les acteurs restent ceux de la révolution de 1991.

 

Les leaders religieux regrettent d’avoir soutenu IBK en 2013

Le soutien de l’Imam Mahmoud Dicko et Cheick Bouyé a été décisif dans l’élection du candidat Ibrahim Boubacar Keita à la magistrature suprême en 2013. Ces derniers voyaient en lui l’homme qui pouvait faire régner la sécurité et la cohésion sociale au Mali. Un soutien que les deux leaders religieux regrettent aujourd’hui. A l’occasion de la marche du 05 juin 2020, Mahmoud Dicko est allé jusqu’à présenter des excuses aux Maliens pour avoir appelé à voter IBK. Ils sont d’ailleurs, aujourd’hui plus que jamais déterminés à réparer cette erreur en exigeant la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta.

 

Aucun incident majeur malgré la forte mobilisation

Comme à chaque appel des leaders religieux, la marche du vendredi 5 juin 2020 a engendré une très forte mobilisation. Cependant aucun incident majeur n’a été constaté sur la Place de l’Indépendance qui accueillait les populations venues également des régions. Les agents de la Protection civile ont quant à eux eu du boulot avec un nombre important de personnes évanouies. Une quarantaine, selon le gouvernement. Une scène de bataille a eu lieu après la marche à Djicoroni-Para entre les forces de sécurité et des badauds qui ont délibérément tenté de se rendre au domicile d’IBK à Sébéninkoro.

 

Pourquoi la CMAS n’a pas participé aux législatives 2020

Pendant que la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de Mahmoud Dicko (CMAS) préparait pleinement les élections législatives 2020, elle a été sommée par l’Imam, de suspendre sa participation à cette élection. A l’occasion de cette marche, Mahmoud Dicko est revenu sur les raisons de sa décision.  Selon l’Imam Dicko, les législatives 2020 n’ont pas été bien organisées. «J’ai demandé aux jeunes de ne pas participer à cette élection parce que le tripatouillage de leur vote allait les frustrer et cela pouvait déboucher sur un affrontement», a expliqué Mahmoud Dicko.

 

Rassemblés par Oumar Alpha