Malheureusement, les mêmes phénomènes n’ont pas épargné de vastes couches citadines. Néanmoins, le secteur avec son caractère précaire, représente une contribution positive à la paix sociale en assurant le minimum vital à des millions de personnes. Ses effectifs qui ne cessent de croître et la place capitale qu’il occupe dans l’économie nationale, en disent long.
Adama Coulibaly qui nous arrive de la Commune de Djidiéni, cercle de Kolokani est un travailleur saisonnier. Il exerce ce métier dans notre capitale depuis maintenant 5 ans. Le revendeur ambulant de moustiquaires imprégnées fait le va et vient entre la capitale et son village natal. «Je suis paysan mais je constate qu’après les récoltes mes ressources céréalières ne permettent pas de couvrir tous les besoins de la famille. C’est pourquoi, je viens chaque année à Bamako à la recherche d’un peu d’argents afin de joindre les deux bouts. Et cela, depuis 5 ans «, explique M. Coulibaly. Et de poursuivre qu’il n’a aucun fournisseur au marché. «J’achète les marchandises à mes propres frais. Pour avoir un fonds de roulement conséquent, je commence dès mon arrivée par prendre une charrette (pousse-pousse) en location par jour «, confie-t-il.
Un autre, Batoma Konaté, rencontré au marché, vient du cercle de San dans la région de Ségou. Notre revendeuse de chaussures vit avec ses 2 enfants et son mari à Sébénikoro. Grâce à l’appui de son conjoint, elle s’approvisionne au grand marché par ses propres moyens financiers. Elle fait le tour des différents quartiers de Lafiabougou,
Hamdallaye, et Sébénikoro. Mais arrive difficilement à écouler ses marchandises. « Je fais tout ce parcours durant la journée mais au bout du compte je me retrouve souvent avec seulement 5 000 francs CFA, soit 4 à 5 chaussures vendues», regrette la revendeuse.
Au marché de Lafiabougou, Boubacar Diallo est un marchand ambulant de ceintures et de vêtements depuis environ 3 ans. Il vient de Nioro dans la région de Kayes. Il s’approvisionne auprès d’un grossiste au marché rose par l’intermédiaire d’un parent. Malgré la réticence de la part de certains qui craignent les autorités, Batoma Konaté, Boubacar Diallo, Adama Coulibaly ont tous accepté de nous accorder une partie de leur temps tant précieux. Ils sont tous les trois des travailleurs saisonniers et embrassent tous les trois le même métier de marchand ambulant pour un avenir radieux. Ils affirment tous n’avoir pas rencontré de difficulté dans l’exerce de ce métier, excepté la fatigue sur le long trajet qu’ils parcourent tous les jours.
Rappelons que les marchands ambulants sont nombreux à investir les artères et ruelles de la capitale économique. Ils arpentent les artères des villes à longueur de journée pour vendre tous types de marchandises. Vendre des fruits, des légumes, des vêtements et même du poisson en se déplaçant un peu partout est un métier de l’informel qui envahit la capitale. Le nombre des marchands ambulants, difficilement contrôlables, ne cesse d’augmenter pour la simple raison que les habitants de la ville apprécient leurs bas prix et leur proximité.
Moussa Dagnoko
Le Républicain 01/03/2011