Après les manifestations de Gao ayant fait 3 morts et plus d’une trentaine de blessés, une enquête a été ouverte par le parquet de Gao pour situer les responsabilités. Il y a déjà une liste de suspects qui a été établie, confirme le procureur de Gao avant de poursuivre que sur les 31 blessés, 22 ont été libérés. Le procureur a aussi invité les organisations de défense des droits de l’homme à suivre les enquêtes avec les autorités judiciaires. Au micro de Studio Tamani,Housseynou Salaha Cissé a expliqué : :« Dès qu’on a appris qu’il y a des morts d’hommes, une enquête a été ouverte, bien que le Garde des sceaux ait donné instruction, mais notre rôle en tant que procureur de la République, c’est d’ouvrir une enquête immédiatement pour savoir ce qui s’est passé. L’enquête continue, au moment où je vous parle, un docteur légiste a été designé, il est en train de faire l’autopsie en présence des parents des trois victimes. Les officiers de police judiciaire qui sont chargés de cette enquête sont déjà sur le terrain. Ils ont déjà une liste de suspects. Ils suivent de près ce dossier. Ces officiers de police judiciaire qui sont sous mon contrôle, en tant que directeur de l’enquête, je leur ai déjà donné des instructions à poursuivre. J’ai encore deux substituts sur le terrain qui suivent ça de près, qui sont même à l’hôpital. Nous allons réunir tout ce qu’il y a comme indice ou preuve pour savoir qui a fait quoi. J’ai été en contact avec le médecin, il m’a dit qu’il y a 9 blessés qui sont toujours hospitalisés et 22 qui ont été libérés, mais de façon dite ambulatoire. C’est-à-dire qu’ils reviennent pour des traitements ».
LUTTE CONTRE LE TERRORISME
L’état d’urgence non prolongé
L’état d’urgence en vigueur au Mali depuis avril et qui expirait vendredi dernier n’a pas été « prolongé », a affirmé à l’AFP un responsable du gouvernement.
« Nous n’avons pas prolongé l’état d’urgence », a dit ce responsable joint au ministère de l’Administration territoriale (Intérieur), sans plus de détails.
Cette mesure d’exception donnait notamment plus de possibilités d’intervention aux forces de sécurité et de restreindre les rassemblements.
Elle avait été rétablie le 4 avril au Mali pour dix jours, puis prorogée jusqu’à ce vendredi pour, selon le gouvernement, permettre « de poursuivre la lutte contre le terrorisme et les autres menaces à la sécurité des personnes et de leurs biens sur l’ensemble du territoire national ».
L’état d’urgence avait été proclamé dans le pays une première fois pour dix jours au soir de l’attaque par des jihadistes de l’hôtel Radisson Blu de Bamako, le 20 novembre 2015 (20 morts, outre deux assaillants tués), et de nouveau le 21 décembre pour dix jours.
Le 31 décembre, il avait été prorogé pour trois mois, jusqu’au 31 mars, puis réinstauré le 4 avril pour dix jours.
ASSOCIATIONS
Crise du Nord : le Coren ne fait plus recette
Le Collectif des ressortissants du Nord (Coren) voulait profiter des événements malheureux de Gao pour s’offrir une nouvelle virginité. Il n’est pas parvenu à mobiliser les ressortissants du Nord à Bamako. Les raisons de cet échec sont à rechercher dans les comportements de certains de ses leaders.
Samedi dernier à la faveur d’un meeting pour, dit-il, rendre hommage aux victimes, de Gao, le Coren avait lancé des appels aux ressortissants du Nord. Mais à la grande surprise des organisateurs, la salle de la Maison des aînés n’a pas été remplie.
L’appel lancé par le président d’honneur du Coren, l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga n’a pas pu convaincre. Ils sont de plus en plus nombreux les ressortissants de Mopti, Tombouctou, Gao, Taoudénit et Ménaka qui disent ne plus se retrouver dans les actions de l’organisation.
En plus, il est reproché à certains de ses responsables de profiter de la misère des populations locales pour se faire un nom dans la capitale. Pis, ses détracteurs estiment que le Collectif est plutôt devenu un fonds de commerce pour des cadres de Bamako qui à peine effectuent même des visites au village.
« Comment agir au nom de quelqu’un dont on ignore les conditions de vie ? », s’interroge un notable du Nord qui ne comprend pas que l’activisme du Coren se limite seulement au partage des dons et l’organisation d’activités lucratives. Pourtant, un constant s’impose, des cadres et d’anciens ministres s’intéressent à l’organisation dès qu’ils ne sont plus en activité au gouvernement.
Au meeting de samedi, nous avons vu plusieurs anciens ministres et des directeurs généraux qui donnent l’impression de s’occuper des préoccupations des parents sur place abandonnés dans la galère et à la merci des seigneurs de guerre et d’une administration qui tourne presqu’au ralenti dans le Nord et le Centre du pays.
La déception fut grande lorsqu’il a été question de faire des cotisations pour les parents des victimes de Gao. Au décompte final, c’est la somme de 3 millions de F CFA qui a été récoltée dans la salle. Une raison suffisante pour dire que le Coren est avant tout un tremplin pour certains cadres du Nord qui se la coulent douce à Bamako.
Illustration : le président du Coren, Malick Alhousseyni, a tout fait pour être dans les grâces du pouvoir. Il est aujourd’hui ministre de plein exercice de l’Energie et de l’Eau.
Alpha Mahamane Cissé