En effet, Mamadou Lamine Traoré en fut non seulement un des membres fondateurs et acteurs, mais il en avait pris la tête en succédant à l’ancien Président Alpha Oumar Konaré nommé en mai 1992. Feu Mamadou Lamine Traoré avait alors cumulativement endossé les fonctions de président du parti et de Ministre de l’Administration territoriale, ensuite de Ministre de la Défense.
En son temps, il fut l’un des opposants les plus intransigeants du Gouvernement de Ibrahim Boubacar Keïta, alors Premier ministre du Président Alpha Oumar Konaré. C’est après la tenue de ce houleux Congrès de l’ADEMA que IBK fut victorieusement proclamé président du parti. Alors le vent tourna en défaveur de « Mala », le camp présidentiel de l’époque l’ayant d’emblée relégué au rang de l’opposition.
Mais bien que s’y attendant plus ou moins, « Bakorè », de son vivant, n’avait jamais pu concevoir une telle « trahison » de son fidèle compagnon de lutte politique, Alpha Oumar Konaré. Si bien que l’arrivée d’IBK et d’autres cadres politiques (en seconde position) dans le parti de l’Abeille était perçue par « MLT » comme une intrusion. D’où sa phrase, ou du moins sa question restée depuis lors célèbre, à propos de l’entrée impromptue de ces politiciens à l’ADEMA : « Et si les frelons envahissaient la Ruche ? ».
Par crainte d’un revers politique, et non par disgrâce, Mamadou Lamine Traoré fonda alors son parti, le MIRIA, de concert avec des fidèles du PMRD, un regroupement politique d’antan qui s’était fusionné avec le Parti malien du travail (PMT) pour former une association devenue plus tard l’ADEMA. C’est dire que le nom du Professeur Mamadou Lamine Traoré reste indissociable de l’histoire de ce parti-alliance.
Après avoir fondé son parti, « Mala » avait durci le ton en ralliant le Collectif des partis politiques de l’opposition (COPPO) composé de quelque 15 partis ulcérés par les conditions d’organisation jugées « scabreuses » des élections présidentielle et législatives de 1997. Des législatives qui, du reste, avaient été annulées par la Cour constitutionnelle. « Bakorè » s’était alors distingué par un refus catégorique en manifestant contre le régime d’Alpha Oumar Konaré. Pourtant, ces camarades du COPPO sont ceux-là mêmes qui avaient soutenu le Président Amadou Toumani Touré à la faveur de l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP).
Après le Président Alpha Oumar Konaré, et en dépit souffrances politiques endurées sous l’ère AOK, Mamadou Lamine avait opté pour le régime d’ATT, son ancien compagnon du CTSP (Comité de transition pour le salut public). Il n’avait éprouvé aucun désir de vengeance (politique ou autre) ni du remords politique, mais avait plutôt préféré mettre son grand savoir au service de la Nation. Ainsi il fut nommé Ministre de l’Education nationale et l’était resté jusqu’à a mort le 21 juillet 2007.
En dépit de sa volonté de reforme radicale de l’Enseignement, « Mala » avait rencontré moult difficultés dans ce département très sensible. Des difficultés relatives aux bouleversements socio politiques du 26 mars 1991 qui avaient sérieusement entaché le niveau de l’Education. Si bien que certaines dispositions prises par le Ministre Mamadou Lamine Traoré avaient été décriées : entre autres, le concours pour le recrutement des directeurs de CAP.
Pourtant, malgré les critiques acerbes et les accusations lancées à l’encontre de « Mala », le Président ATT, conscient de la valeur intrinsèque de l’homme, lui avait toujours témoigné son appui. Cette valeur de « MLT » atteste sa longue durée à la tête du département de l’Education, une domaine qu’il maîtrisait à merveille et dans lequel il vait presque toujours évolué. Et on se rappellera toujours du protocole qu’il était parvenu à faire signer en 2005 par les partenaires de l’Education malienne pour une « Ecole performante et apaisée ».
Avec la disparition du Professeur Mamadou Lamine Traoré, c’est le monde de l’Education et de la politique maliennes, bref le Mali tout entier qui perd un fils valeureux.
Par Oumar Diawara « Le Viator »
Le Coq 04/07/2011