« Deux véhicules piégés ont explosé dans une base du MNLA à 5h30 locales à Inhalil, près de Tessalit, à la frontière algérienne », a déclaré à Ibrahim Ag Assaleh. « Les deux kamikaze sont morts et dans nos rangs il y a trois morts et quatre blessés graves », a-t-il ajouté. Selon lui, « trois véhicules ont aussi été incendiés par le souffle des explosions ».
Une coordination
Le responsable du MNLA a accusé le groupe islamiste Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), d’être à l’origine de cet attentat. « C’est le Mujao qui depuis quelque temps menace de s’attaquer partout au MNLA », a-t-il affirmé. « Les terroristes ont toujours affirmé qu’ils combattraient les forces françaises et leurs alliés, c’est ce qui s’est passé à mon avis », a déclaré la source sécuritaire malienne située au nord du Mali.
Jeudi, l’armée française, interrogée sur une éventuelle collaboration avec les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) présents dans la région de Kidal et Tessalit, a déclaré « se coordonner » effectivement avec « les groupes qui ont les mêmes objectifs » que Paris.
Le MNLA, qui avait lancé une offensive en janvier 2012 dans le nord du Mali contre l’armée malienne avec les groupes islamistes armés, en avait très vite été évincé par eux des grandes villes de Gao, Tombouctou et Kidal. Il est réapparu dans le berceau des Touareg des régions de Kidal et Tessalit à la faveur de l’intervention française contre les islamistes armés liés à Al-Qaïda qui a commencé le 11 janvier.
La situation n’est « pas du tout stable », avertit la Croix-Rouge
En parallèle, le chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Mali et au Niger, Jean-Nicolas Marti, de passage à Genève, s’est exprimé sur la situation dans le pays. « Contrairement à ce que certains auraient pu imaginer à la suite de la reprise des villes principales par l’armée française et par l’armée malienne, la situation n’est pas du tout stable, calme », a-t-il déclaré.
Selon lui, les attaques suicides risquent de durer, et la « situation actuelle n’est pas propice au retour des populations ». « Il y a eu des dizaines de milliers de personnes qui ont fui leurs villes déjà avant l’intervention française, mais il y en a eu d’autres dizaines de milliers », qui ont fui depuis cette intervention, a-t-il ajouté.
Pour Jean-Nicolas Marti, « il existe un sentiment de peur vis-à-vis des éventuelles exactions que pourraient commettre les forces de sécurité maliennes ».
On assiste à des retours très limités, selon le CICR. Ce sont souvent des allers-retours effectués par un homme jeune choisi dans la famille déplacée, qui va voir sur place s’il est possible de rentrer ou pas.
7.000 Maliens réfugiés au nord-est du pays
Le CICR est en train de porter assistance à quelque 7.000 Maliens réfugiés au nord-est du pays, à Tinzawaten, près de la frontière algérienne. Le CICR leur a distribué des kits de biens essentiels, tels que des bâches et de jerricans, ainsi qu’une aide alimentaire.
Par ailleurs, le CICR a pu visiter des prisonniers, arrêtés récemment, et incarcérés dans des prisons à Bamako et Mopti, ainsi qu’à la gendarmerie de Gao. Sans vouloir donner de détails sur l’état des prisonniers – des informations réservées aux autorités -, Jean-Nicolas Marti a indiqué qu’il avait constaté « beaucoup de haine et de tensions accumulées ».
Le CICR craint qu’une « certaine précarité » s’installe au nord du pays, où l’organisation a constaté des « tensions persistantes entre les ethnies ». L’organisation a également indiqué être en contacts réguliers avec l’armée française. « Le dialogue est bien installé », a déclaré le délégué du CICR
Nouvel Observateur (France)
22-02-2013 à 12h41 – Mis à jour à 12h54