MALI-UE : Malte confirme l’accord de réadmission

A la suite d’une mission d’identification du gouvernement malien, les autorités maltaises ont annoncé samedi 24 décembre avoir déterminé l’identité de neuf migrants maliens en vue de leur expulsion vers le Mali.
Ils pourraient être les premiers migrants maliens qui seront expulsés dans le cadre de l’accord controversé de réadmission conclu entre le Mali et l’Union européenne. Le ministère maltais de l’Intérieur et de la Sécurité nationale a indiqué dans un communiqué publié samedi 24 décembre que « des efforts » sont « en cours » pour le « retour » de neuf immigrés « identifiés comme ressortissants de la République du Mali ».
Alors que les autorités maliennes continuent de réfuter l’existence de tout accord de réadmission, le gouvernement maltais précise que les vérifications d’identité de ces sans-papiers maliens ont été effectuées par une « mission d’identification malienne » en déplacement à Malte.
Au total, la mission a permis l’identification de dix Maliens. Suite à une décision de justice, le dixième a été libéré avec quatorze autres migrants dont les nationalités n’ont pas pu être établies par les agents maliens dépêchés à Malte, ajoute le gouvernement maltais. Les neuf personnes formellement identifiés maliens restent en prison en attendant la fin des procédures pour leur expulsion vers le Mali.
Des conditions « horribles » de détention
Selon la presse maltaise, ces « demandeurs d’asile déboutés » font partie des 33 présumés maliens arrêtés et placés en détention depuis le 16 novembre en vertu d’un accord issu du « programme conjoint de l’UE ». Les détenus sont passés à 24 après la libération de certains qui ont « fourni les documents nécessaires ».
En prison au centre de détention de Safi, les conditions de vie des immigrés dans cette prison sont décriées par des défenseurs des droits humains. Selon Malta Today, un avocat qui tente de défendre les migrants arrêtés n’arrive toujours pas à entrer en contact avec ses clients malgré ses nombreuses tentatives de visite.
Des organisations maltaises de défense des droits de l’Homme dénoncent depuis plus d’un mois le traitement infligé aux migrants en détention. Un militant des droits de l’Homme, qui a pu accéder à la prison le 21 décembre a fait état de conditions « horribles » dans lesquelles ces personnes sont détenues.
Les migrants « sont amputés de leurs droits humains ». Ils dorment à quatre dans « une petite chambre » et le thé est servi dans des moitiés de bouteilles en plastique, rapporte-t-il sur Facebook. « De ce que je pouvais voir, l’accès à l’air frais est très limité », ajoute-t-il.
Sentiment de trahison
« Nous sommes traités ici comme des chiens », se désole un immigré malien à Malte dans un cri de détresse lancé sur WhatsApp. Il affirme que depuis le mois dernier, les autorités maltaises ne cessent d’arrêter des maliens. « Quand on demande pourquoi, on nous rétorque que c’est notre propre gouvernement qui a autorisé cela », affirme-t-il.
« Après avoir bravé le Sahara, l’océan et subi la prison pendant une année durant avant d’être libérés, c’est consternant que ce soit au final notre gouvernement qui facilite notre refoulement. Nous sommes trahis par notre propre gouvernement qui réduit à néant tous nos efforts », s’insurge-t-il.
« Des missions d’identification ont été effectuées dans cinq Etats membres » de l’UE.
Alors que les autorités maliennes tentent toujours de rassurer l’opinion en assurant qu’aucun accord de réadmission n’est conclu avec l’Union Européenne, des informations soutenant la thèse contraire continuent de faire régulièrement surface. Après l’épisode du ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas, la divulgation d’un ordre de mission de l’ambassade du Mali en Allemagne concernant une mission d’identification, c’est au tour de Malte que vient une nouvelle conséquence d’un accord en principe « inexistant » si on s’en tient à la position affichée du gouvernement malien.
Au même moment où le gouvernement dément être lié par une convention, la commission de l’Union européenne défend pour sa part que d’octobre à décembre « des missions d’identification ont été effectuées dans cinq Etats membres ».
Dans le cadre du nouveau partenariat avec les pays dits tiers dont notre pays, « le Mali a coopéré avec l’UE en vue du retour des personnes en séjour irrégulier dans l’Union sur la base des instructions permanentes mises au point d’un commun accord par les deux parties », soutient l’UE dans un rapport de suivi de la coopération en matière d’immigration.
Par ailleurs, selon plusieurs témoignages d’expatriés en Italie sur WhatsApp, environ 200 Maliens seraient détenus dans un camp de ce pays en vue de leur expulsion. Des détenus qui viennent s’ajouter aux neuf Maliens actuellement en prison à Malte. Après leur identification par des fonctionnaires maliens envoyés sur place, l’expulsion de ces migrants de Malte peut intervenir à tout moment.
Source maliactu.net

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