Une « charte pour la paix » au Mali a été remise mardi au président malien Ibrahim Boubacar Keïta, deux ans après la signature de l’accord de paix par l’ex-rébellion à dominante touareg, qui a boycotté la cérémonie, dénonçant le contenu de ce document.
A l’issue de la tenue en mars à Bamako d’une conférence d’entente nationale, prévue par l’accord de paix de mai-juin 2015, et censée élaborer cette charte, la rédaction en a été confiée à un comité d’experts.
La « charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale », d’une soixantaine de pages et dont le contenu n’a pas été rendu public, a été remis au chef de l’Etat par le médiateur de la République, Baba Hakib Haïdara, a rapporté un journaliste de l’AFP.
Fondé sur les conclusions de la conférence, ce texte « reconnaît les causes profondes des crises qui ont marqué l’évolution de notre pays depuis l’indépendance et qui ont contribué à le conduire dans la situation qu’il connaît aujourd’hui », a déclaré M. Haïdara.
La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion) a déploré dans un communiqué que le document final soit « malheureusement le même projet de charte qui a été exposé pendant les missions de concertation sans aucune prise en compte des recommandations issues de ces missions ».
L’ex-rébellion « regrette la persistance et l’insistance de la partie gouvernementale á évoluer unilatéralement », estimant que cette attitude « n’a aucune chance d’aboutir à une entente, encore moins à la paix et l´unité nationale ».
Par conséquent, « la CMA rejette la présente charte qui ne saurait nullement l’engager dans son format actuel », tout en se disant « ouverte à des discussions profondes et sérieuses » en vue d’un consensus.
Le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, présent à la cérémonie, a déploré que celle-ci ne soit « pas associée à la conception du document », dont il « ignore tout ».
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Les jihadistes ont été en grande partie chassés de cette région à la suite du lancement en 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale, qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement frappées par des attaques, malgré l’accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes, dont l’application accumule les retards.
(AFP 21/06/17)