Le Mali se retrouve dans une nouvelle transition politique et en refondation, trente ans après l’expérience mitigée du mouvement démocratique de 1991. Le 9 janvier 2022, l’opération de rectification de la transition débouche sur une crise majeure avec la CEDEAO, mais le peuple fait preuve d’une résilience formidable en restant six mois durant, uni et solidaire derrière les autorités malgré les tentatives de sabordage du processus. Le monde surpris découvre les ressorts et le vrai potentiel du pays.
UNE EXPÉRIENCE ENRICHISSANTE POUR LE MALI
Le Mali a longtemps souffert de l’incompétence et de la grande corruption au sommet de l’Etat. Un groupe de jeunes officiers militaires est parvenu en moins d’un an à changer la face du pays, prouvant qu’il faut une vision claire et des hommes déterminés pour porter la voix d’un Etat dans le concert des nations. La diplomatie malienne naguère balbutiante et rasante parce que conduite par des « auto-stoppeurs », est devenue subitement très efficace et attrayante. Même lorsque des diplomates de carrière comme Zeyni Moulaye ou Moctar Ouane ont été aux commandes, elle avait continué à emprunter la voie de l’hypocrisie souriante tracée par le Chef de l’Etat. Tout le monde comprend que Assimi Goïta est le véritable artisan du renouveau diplomatique du Mali qui reprend toute sa place sur l’échiquier africain et même mondial. En vrai soldat, il n’a lâché aucun de ses collaborateurs en mission, à la manière de l’Ambassadeur Djimé Diallo, frileusement sacrifié pour faire plaisir à la France. En plus de la diplomatie, l’armée nationale complètement transformée est en train de prendre le dessus sur les terroristes, pendant que la justice fait désormais peur parce que le droit peut être dit. En outre, les millions de sans-voix exclus du système à souhait, commencent à s’impliquer dans le nouveau processus au grand dam des prédateurs d’hier. A la surprise générale, le Mali qui était promis à une mort certaine par des « experts » en coups tordus, parvient à réaliser une double victoire, juridique et politique face à la CEDEAO qui tente à présent et en désespoir de cause, d’empêcher Assimi Goïta de poursuivre sa mission salvatrice à la tête de l’Etat. Les maliens ne s’enliseront certainement pas dans un faux débat de candidature puisque rien n’autorise la CEDEAO à choisir ou éliminer un candidat à la présidence d’un pays, sans compter que l’article 155 de la loi électorale tranche clairement la question. Pour ce qui est du respect de l’Etat de droit et des droits humains, le Mali ne saurait recevoir de leçon de ceux qui, chez eux simulent la démocratie pour mieux la bafouer, en violant allègrement leur propre Constitution.
NUL NE PEUT VAINCRE UN PEUPLE DÉTERMINÉ
Le consensus politique de façade sur fond de roublardise a fait beaucoup de tort au Mali parce que ce système a tout simplement permis de porter des incapables à des postes de responsabilité, pour faire le terreau de la grande corruption. Le résultat terrifiant a éclaté au visage de tous en mars 2012, avant de se transformer en une épidémie mortelle dont l’onde de choc reste perceptible. Les USA, la Russie, la Chine, la France sont-ils gouvernés par consensus ? Le temps est venu de débarrasser le champ politique des déchets et autres feuilles mortes, afin de sortir le pays du cycle infernal des coups d’état et transitions politiques dont se nourrissent de nombreux opportunistes. L’histoire enseigne que dans tous les grands pays, les militaires sont intervenus en période de crise pour rétablir l’ordre. Le Général De Gaule n’a-t-il pas occupé la scène politique en France pendant une trentaine d’années, avant de produire le calamiteux franc CFA et la fameuse Constitution de la 5ème république qui continuent de faire des ravages dans de nombreux pays africains ? Le Mali doit impérativement sortir du système antidémocratique et corrompu instauré en 1992, dépolitiser l’administration publique pour combattre les délits d’initié qui ont gangrené la commande publique. Les cabinets ministériels ne doivent plus servir au placement des militants et au financement occulte des partis politiques. Pour cela, la nouvelle Constitution doit refléter clairement nos valeurs sociétales, un modèle de gouvernance approprié et de citoyen. Elle doit surtout contenir des dispositions expresses d’empêchement pour les personnes convaincues de faits attentatoires à l’honneur, à la dignité et à l’intégrité : crimes économiques, dépravations des mœurs, parjures et trahisons. En réalité, le Mali n’est pas la cible des djihadistes, mais de mercenaires dont on connaît aujourd’hui les complices intérieurs, ainsi que les commanditaires qui financent leur entreprise criminelle dans le Sahel. Pour ce qui est de la menace d’intervention de l’OTAN au Mali, il est plus opportun pour cette organisation d’intervenir en Ukraine qui est à ses portes et qui a besoin de ses services. Pourquoi ne le fait-elle pas ? Les autorités de Transition ont fait les meilleurs choix sécuritaires pour le pays. Cela ne peut que contrarier ceux qui entretiennent l’instabilité pour justifier leur présence, afin de piller les ressources.
La vraie bataille ne fait que commencer car les intérêts vitaux de l’Occident sont en jeu au Mali et dans le reste du Sahel. Les sanctions de la CEDEAO inspirées et appuyées par la France n’en sont qu’une des facettes. Les maliens doivent à tout prix éviter l’endormissement après la levée des sanctions, mais rien ne peut venir à bout de dirigeants et d’une armée soutenus par leur peuple.
Mahamadou Camara
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