Le Premier ministre français, Edouard Philippe a effectué une visite de 72h (22-24 février 2019) au Mali à l’invitation de son homologue malien, Soumeylou Boubèye Maïga. Un séjour durant lequel il a été beaucoup de question de soutien militaire de Paris à Bamako dans la lutte contre le terrorisme et l’extinction des foyers de conflits communautaires. Mais, aussi et surtout de la part qui doit revenir à l’Hexagone dans les marchés de reconstruction du pays.
Une récession économique avec un secteur industriel de moins en moins compétitif et affecté par les fermetures d’usine, la France cherche un second souffle dans ses anciennes colonies où sa présence militaire est un outil de chantage pour sauvegarder ses intérêts économiques. Le Mali est aujourd’hui la parfaite illustration de cette présence contestée par les populations, mais face à laquelle nos dirigeants semblent impuissants.
Ainsi, le Premier ministre Edouard Philippe de la France était dans nos murs le week-end dernier (22-24 février 2019) dans «le cadre du renforcement de la coopération bilatérale franco-malienne». Durant son séjour, une première en Afrique subsaharienne depuis sa nomination à Matignon, Edouard Philippe a eu des entretiens avec son homologue malien et avec le président Ibrahim Boubacar Kéita.
Et naturellement qu’il a été question du processus de paix et de réconciliation nationale au Mali, de la sécurité dans la bande sahélo-saharienne avec le soutien de la France contre le terrorisme… Une présence qui se veut plus efficace avec ce cadeau royal offert par Barkhane à Philippe Edouard pour lui souhaiter la bienvenue dans pays en crise depuis 2012.
En effet, à quelques heures de l’arrivée du chef du gouvernement français à Bamako, la force Barkhane a annoncé avoir tué l’Algérien Yahya Abou El Hamame, chef de l’un des principaux groupes djihadistes au Sahel. Il a été tué jeudi 21 février par des militaires français de l’opération Barkhane.
Chef de «l’émirat du Sahara» d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), l’homme était le numéro 2 de l’alliance jihadiste dirigée par Iyad Ag Ghali, le «Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans» (GSIM).
«Dans cette opération associant moyens terrestres et aériens, les commandos de Barkhane ont neutralisé plusieurs terroristes… C’est un coup très dur pour les groupes terroristes agissant au Sahel», s’est félicité le ministère français des Armées dans un communiqué officie publié et assez médiatisé pour saluer cette performance. Il a souligné que le GSIM «aura perdu trois de ses principaux chefs en l’espace d’une année, tous des adjoints proches de Iyad Ag Ghali».
Une action qui tombe au bon moment pour justifier la présence des forces françaises au Mali et leur efficacité contre les groupes terroristes qui empêchent le Mali de retrouver la stabilité en jouissant totalement de son intégrité territoriale. Et c’est comme si Barkhane ne devient efficace que quand elle veut.
Que fait-elle le reste du temps au Sahel où la France a déployé quelque 4 500 hommes depuis 2014 ? Lutter contre les groupes djihadistes opérant dans la bande sahélo-saharienne ?
Si c’est réellement le cas, le bilan est loin d’être satisfaisant. En effet à part quelques victoires sporadiques abusivement médiatisées, Barkhane n’a pour le moment remporté aucune bataille décisive sur les réseaux terroristes pour espérer un jour gagner la bataille.
Moussa Bolly
Source: Le Matin