Plusieurs milliers de personnes ont participé samedi à Bamako à un meeting pour la paix dans le nord du Mali, quelques heures après une marche pour soutenir la « libération » de Ménaka (nord-est), reprise le 27 avril aux rebelles par un groupe armé progouvernemental.
Le meeting « pour la paix » s’est tenu dans un stade, à l’appel d’organisations de la société civile et de dirigeants religieux, a constaté l’AFP.
« Vive la paix au Mali, un pays indivisible », pouvait-on lire sur des banderoles.
Chérif Ousmane Madani Haïdara, un chef religieux, a appelé « tous les Maliens » à oeuvrer « pour une véritable réconciliation nationale ».
La paix au Mali « passe selon lui par la signature des accords d’Alger », prévue le 15 mai à Bamako sous l’égide d’une médiation internationale conduite par l’Algérie.
Le meeting s’est tenu en présence de membres du gouvernement malien, quelques heures après une marche pour soutenir « la libération » de la ville de Ménaka.
« Vive le Gatia », « tous les Maliens sont solidaires des populations de Ménaka », pouvait-on lire sur des banderoles.
Le groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia), un mouvement armé favorable à Bamako, a pris le 27 avril le contrôle de Ménaka, jusque-là partiellement contrôlée par la rébellion.
« Nous soutenons les groupes armés qui contrôlent aujourd’hui Ménaka, nous ne voulons pas du tout du retour du MNLA dans Ménaka », a déclaré Bajan Ag Hamatou, député et chef touareg respecté de Ménaka, lors de cette marche organisée par des ressortissants de Ménaka avec le soutien d’associations de jeunes.
Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), dont les troupes contrôlaient cette ville proche de la frontière nigérienne, est une composante de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), la rébellion à dominante touareg du nord du Mali.
Dans une déclaration à la fin de la marche, les ressortissants de Ménaka à Bamako ont demandé « le redéploiement de l’armée et de l’administration malienne dans (toute la zone) de Ménaka ».
De son côté, la CMA a annoncé qu’elle « exige le retrait intégral, immédiat et sans conditions des milices progouvernementales de la ville de Ménaka », en vertu d’accords de cessez-le-feu conclus avec le pouvoir malien.
Dans un communiqué parvenu samedi à l’AFP, la CMA a expliqué avoir « usé de son droit légitime de défense face à l’agression du gouvernement malien, qui n’en est pas à sa première violation de cessez-le-feu ».
Après la prise de Ménaka, la rébellion a attaqué mercredi Léré, près de la frontière mauritanienne, justifiant cet assaut par « la flagrante violation du cessez-le-feu » par Bamako et « ses milices ».
Les combats y ont fait près de 20 morts et une vingtaine de blessés, selon le ministère malien de la Défense, dont 9 soldats et 10 rebelles.
La CMA a revendiqué « une douzaine de prisonniers et plusieurs morts » dans les rangs de l’armée.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a réitéré vendredi son appel aux deux camps à signer comme prévu un accord de paix le 15 mai à Bamako.
La médiation exige que chaque partie retourne à ses positions initiales.
Les affrontements de cette semaine surviennent alors que des responsables rebelles ont récemment donné leur accord pour parapher l’accord de paix d’Alger, près de deux mois après Bamako et ses alliés.
Le nord du Mali est tombé au printemps 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Les jihadistes ont été dispersés et partiellement chassés de cette zone par une opération militaire internationale lancée en janvier 2013 par la France et toujours en cours. Mais des zones entières échappent encore au contrôle de Bamako.
(AFP 03/05/15)