La toile s’est enflammée grâce à la rencontre dans la semaine entre Iyad Ag Ghali et des membres de trois importants groupes armés au nord du Mali. Une discussion intervenue quelque temps après la dénonciation, par les groupes signataires de l’accord, de la mauvaise volonté des autorités maliennes dans l’application réelle de ce document paraphé en 2015.
L’apparition d’Iyad Ag Ghali qui dirige le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, lié à al-Qaïda, et des membres de trois importants groupes armés du Nord suscite d’énorme débat à l’intérieur du Mali. Certains présagent une forte alliance entre Iyad Ag Ghali et les groupes signataires de l’accord d’Alger qui tout récemment avaient dénoncer, une mauvaise foi du gouvernement dans la mise en œuvre de l’accord la paix et la réconciliation.
» C’est un pacte de non-agression »
Joint par nos confrères de DW, l’analyste politique malien Bréma Ely Dicko, indique que l’alliance de circonstance entre le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans et les groupes armés du Nord n’a pas pour objectif de mettre en cause l’accord d’Alger.
Pour lui, dans la localité, c’est plutôt l’Etat Islamique au grand Sahara qui devient une sorte d’ennemi commun, qui commence à occasionner de grand déplacement forcé des femmes et des enfants et beaucoup d’assassinats ciblés. Il ajoute ensuite que beaucoup de combats avec le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) sont dirigés par Iyad Agaly, un fils de la région, membre d’une des tribus de la localité qui a des parents (cousin, neveu) qui n’ont pas forcement rejoint le jihad. Donc, ajout-il « si on laisse l’Etat islamique mené des activités, c’est aussi au détriment de sa communauté ».
Pour Bréma Ely Dicko, cette rencontre est effectivement une sorte de pacte de non-agression. « Vous avez suivi la voie de la charia, nous c’est des revendications politiques. Nous ne sommes pas Jihadiste, vous aussi vous n’avez pas de revendication politique en tant que telle. Mais nous avons un ennemi commun » décrit-il.
Par rapport à la posture des autorités qui pour le moment n’ont pas fait de communiqué officiel, Brehima Ely Dicko pense qu’elles ont suffisamment de défis. « Sans compter que dans la capitale, Bamako, il y a aussi des dynamiques autour des questions électorales. Donc si une alliance de circonstance, un pacte de non-agression permet un tant soit peu de jubiler la menace, ne serait-ce que l’Etat islamique, c’est aussi une sorte d’épine de moins dans les pieds des autorités de Bamako et qui par la suite vont œuvrer à ce que l’accord d’Alger puisse se mettre en œuvre » à-t-il précisé.
A noter que le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans a été créé en 2017, autour d’Aqmi, dirigé par Iyad Ag Ghali. Il est opposé à un autre groupe, l’Etat islamique au grand Sahara (EIGS), qui est monté en puissance et a signé une série d’attaques d’ampleur fin 2019 contre des bases militaires au Mali et au Niger.
Abdrahamane Baba Kouyaté