Autre signe de fragmentation, les membres des tribus arabes bérabiches et touaregs de Tilemsi dans la région de Gao ont demandé, fin mars, la création de leur propre région. « Une atomisation des revendications territoriales liée à la préservation des intérêts territoriaux des tribus locales et au contrôle des trafics, notamment de stupéfiants, au nord Mali » relève le même analyste.
Autant d’obstacles qui mettent à mal la crédibilité du mouvement qualifié à l’origine par les rebelles de « révolutionnaire » et qui nuisent à la mise en application de l’accord d’Alger, principal feuille de route devant conduire à la stabilisation du pays, signée en juin 2015. Lors de l’ouverture de la huitième session ordinaire du Comité de Suivi de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation Nationale au Mali (CSA) qui s’est tenu à Bamako les 25 et 26 avril, l’ambassadeur américain au Mali, Paul Folmsbee, n’a pas mâché ses mots. « On est déjà 10 mois après la signature de l’accord et pendant ces dix mois rien n’a été fait. Il faut que cette situation change ! » a-t-i déclaré lors de son intervention.
Les forces internationales dans l’impasse
L’instabilité qui règne à Kidal, fief des rebelles touaregs au nord du Mali, illustre les difficultés considérables à trouver une issue au problème du nord et révèle le malaise profond dans lequel se trouvent plongées les forces internationales. Des manifestations qui ont éclaté dans la ville le 18 avril contre la force française anti terroriste Barkhane accusée d’avoir procédé à des arrestations arbitraires de civils et de membres du MNLA ont ainsi dégénéré. Deux personnes sont mortes au cours d’affrontements avec les casques bleus de la mission des nations unies au Mali (Minusma) accusés par les familles des victimes d’être responsables.
Difficile de démêler le vrai du faux dans cette zone où les alliances évoluent de jour en jour et où les groupes terroristes ont tout intérêt à alimenter la colère de populations contre Barkhane. Selon une source sécuritaire, parmi les personnes arrêtées puis relâchés par les soldats français avant les manifestations, plusieurs sont soupçonnées d’être proches du chef d’Ansar Eddine Iyad Ag Ghali, toujours très influent dans la région. « Celui-ci s’est-il servi de ces arrestations comme d’une opportunité pour monter l’opinion contre Barkhane ? » s’interroge la même source.
Reste que face à des attaques terroristes récurrentes, dont la dernière a provoqué la mort de trois soldats le 12 avril, l’armée française sort de ses prérogatives habituelles pour endosser un rôle de policier qui passe mal aux yeux des populations locales. « Les soldats rentrent dans les maisons sans prévenir. Ils vont dans les chambres avec tout leur attirail et fouillent. Ce ne sont pas des manières de faire » s’insurge une source à Kidal.
http://www.mondafrique.com 01/05/2016