Mali: les islamistes contrôlent Tombouctou

Iyad Ag Ghaly, chef d’Ansar Dine est venu ce matin avec cinquante véhicules. Ils ont pris la ville, chassé les gens du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), qui étaient là, ont brûlé le drapeau du MNLA et ils ont mis leur drapeau au camp militaire de la ville, a affirmé Moussa Haïdara, caméraman qui a filmé l’entrée dans la ville de Iyad Ag Ghaly.

Cette information a été confirmée par des habitants de la ville, dont le responsable d’un des principaux hôtels de Tombouctou.

Ce lundi, Iyad Ag Ghaly est arrivé avec ses hommes à Tombouctou pour renvoyer les gens du MNLA, a dit cet hôtelier sous couvert de l’anonymat. Il est venu à l’hôpital pour demander aux infirmiers de travailler, de soigner les gens. Après, Iyad a parlé à la population pour dire de ne pas avoir peur, qu’ils (les membres d’Ansar Dine) sont là pour l’islam, pas pour l’indépendance ou pour faire mal.

Selon le cameraman, l’adjoint de Iyad, qui parlait en français, a aussi affirmé que parmi les militants d’Ansar Dine, il y a des Somaliens, des Nigérians, des Tunisiens et que tous sont pour l’islam.

L’agence d’information en ligne mauritanienne Al-Akhbar, généralement bien informée sur la situation au Nord-Mali, a affirmé lundi que des forces d’Aqmi ont investi dimanche soir la ville de Tombouctou, avec 50 vehicules surarmés.

L’un des chefs d’Aqmi, Yahya Abou Al-Hammam, est entré dans la ville et fait de l’ancien état-major de l’armée malienne dans la ville son Quartier général.

Désormais, les drapeaux d’Aqmi flottent sur l’état-major et partout dans le reste de la ville ajoute Al-Akhbar.

Un des chefs d’Aqmi, l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, qui était parti en Libye depuis plusieurs semaines, est revenu dans le nord du Mali, a par ailleurs appris a appris lundi l’AFP de sources sécuritaires régionales.

Il semble qu’on le voit de plus en plus aux côtés de Iyad Ag Ghaly, a affirmé l’un de ces sources.

Mokhtar Belmokhtar, surnommé Belawar (ou Louar, le Borgne), est un des vétérans d’Aqmi qui opère depuis ses bases du nord du Mali dans une vaste zone englobant plusieurs pays du Sahel où cette organisation se livre à des attentats, des enlèvements – essentiellement d’Occidentaux – et divers trafics.

Iyad Ag Ghaly est une figure des rébellions touareg des années 1990 qui se bat aujourd’hui pour l’application de la charia au Mali par la lutte armée.

Ses objectifs sont différents de ceux du MNLA, mouvement laïque qui a lancé à la mi-janvier une nouvelle rébellion et qui lutte pour l’indépendance de l’Azawad, région naturelle du nord du Mali considérée comme le berceau des Touareg.

Le MNLA et des groupes islamistes armés ont pris coup sur coup depuis vendredi les trois capitales régionales du nord du Mali, Kidal, Gao (nord-est) et Tombouctou, sans rencontrer de résistance de l’armée malienne, sous-équipée.

Avec ces trois régions administratives, la rébellion et les islamistes contrôlent tout le nord du pays, soit environ la moitié de son territoire.

Leur offensive s’est accélérée depuis le coup d’Etat militaire qui, le 22 mars, a renversé à Bamako le président Amadou Toumani Touré.


(©AFP / 02 avril 2012 22h23)