Ils étaient plus de 6 millions d’électeurs attendus hier pour aller départager des milliers de candidats en compétition pour avoir un siège parmi les 147 que comptent l’Assemblée Nationale. Sans connaitre officiellement le taux de participation, il ne fait aucun doute que les électeurs ont boudé les urnes, à cause de la pandémie du Coronavirus. Il faut alors en conclure que ni les députés sortants, encore moins les députés entrants ne jouissent d’aucune légitimité d’où le cri de cœur de certains leaders politiques et de la société civile pour une annulation pure et simple des résultats, non pas pour non-conformité à la loi, mais pour un défaut de légitimité. Seront-ils entendus par les plus hautes autorités du pays ? Quelle autre voie de recours pourraient-ils avoir pour invalider les résultats de ces législatives controversées ? La rue pourra-t-elle être l’ultime solution pour imposer la volonté du peuple souverain aux gouvernants ?
Jamais une élection législative n’a été autant boudée par les électeurs que celle du 29 mars 2020. On a même eu l’impression, dans certains centres de Bamako, que les classes sont fermées et que les élèves sont en vacances, tant les cours étaient vides et on avait de la peine à voir les présidents des bureaux et leurs assesseurs. De même, les délégués des candidats sont introuvables dans la pénombre des classes, s’ils n’étaient pas confinés dans les coins pour s’éloigner des autres.
C’est dans une telle atmosphère anxiogène que se sont déroulées les opérations de vote du premier tour des législatives du 29 mars 2020 au Mali. Il n’y a pas eu de mobilisation des électeurs donc tout taux de participation qui avoisine même les 5% est fantaisiste et mensonger. Seuls les candidats et leurs proches parents, certains militants convaincus des partis et ceux qui pensent qu’ils doivent participer à la construction de notre démocratie, se sont mobilisés pour aller glisser leurs bulletins de vote dans l’urne. Donc, le gouvernement ne pourrait que donner un taux de participation lui permettant de camoufler ces législatives et paraitre comme un bon élève de l’occident qui a les yeux rivés sur le Mali et qui fait des réformes en vue une condition sine qua non de sa collaboration et de sa franche coopération avec le Mali.
En sommes, les nouveaux députés issus des élections législatives du 29 mars et du 19 avril seront légaux ; mais pas légitimes. Donc, le Gouvernement a fini par faire le choix entre la légalité et la légitimité
Youssouf Sissoko