Mali : les écoliers victimes du putsch turc

Le président turc Erdogan tente de détruire le réseau d’écoles que son ennemi juré, Fethullah Gülen, a implanté en Afrique.

Le ministre malien de l’Éducation nationale, sommé d’expliquer la fermeture de quatre écoles du réseau Collège Horizon de Bamako (3 200 élèves), n’a pas franchement convaincu les députés.

Selon lui, ces écoles sont tenues par « des terroristes venus endoctriner les enfants et déstabiliser les pays ». Réponse cinglante d’un élu : « Il vous aura fallu quinze ans pour vous rendre compte que des terroristes endoctrinaient nos enfants ? Doit-on expulser votre neveu, M. le ministre ? Ou tous les enfants qui ont étudié là-bas, ces quinze dernières années ? »

Les écoles Collège Horizon à Bamako sont un symbole d’excellence : 90 % de réussite au baccalauréat cette année (la moyenne nationale est de 32 %). Pourtant, le gouvernement malien a abrogé leurs agréments. Motif : elles appartiennent au prédicateur turc Fethullah Gülen, que le président Erdogan accuse d’être le cerveau du putsch manqué de juillet 2016. Depuis, il tente par tous les moyens d’annihiler la présence à l’étranger de son rival. Au Maroc, au Soudan, en Guinée, au Niger, en Somalie : la diplomatie turque fait pression sur les gouvernements pour qu’ils retirent les agréments des établissements et transfèrent la gestion à la fondation turque Maarif.

Au Mali, la tentative ministérielle d’explication a déclenché l’ire des députés : « La Turquie, pays ami, a gracieusement rénové le lieu dans lequel nous nous trouvons. » La rénovation de la salle de plénière de l’Assemblée a effectivement été financée par l’État turc. Mais, la pilule a du mal à passer. D’autant plus que la plupart des écoles reprises par Maarif à l’étranger ont périclité.

Bamako. De notre correspondant Anthony Fouchard.

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