L’article 209 de la nouvelle loi électorale (votée moins de six mois avant la prochaine élection présidentielle fixée à fin juillet ce qui rend la loi illégale mais cela n’émeut pas le pouvoir en place), stipule qu’en cas de non disponibilité des cartes d’électeur biométriques, pour cas de force majeure ! à l’occasion les élections générales de 2018, les fameuses cartes NINA tiendront lieu de carte d’électeur. Outre le fait que la définition de la force majeure risque d’être purement arbitraire, reconnaissons qu’il est tout simplement inacceptable d’organiser des élections avec des cartes d’électeur différentes. Le gouvernement malien innove ! et son ministre Mohamed Ag Erlaf, porteur de la loi, explique benoîtement que la force majeure est tout ce qui dépend de l’administration dans la distribution des cartes d’électeurs !
Rappelons enfin qu’un stock de 900000 exemplaires vierges de cartes NINA (Numéro d’Identification Nationale) dorment au Ministère de l’Administration Territoriale sans que l’on sache exactement quel est le processus de contrôle de leur distribution. Qui plus est, les différentes propositions de l’opposition visant à améliorer le processus électoral (présentation d’un rapport par la CENI 48 heures après la proclamation des résultats provisoires, remises des cartes d’électeur biométriques aux titulaires par une commission indépendante dans laquelle figureraient les partis politiques, dépôt auprès du représentant de l’Etat des cartes non distribuées jusqu’à la veille du scrutin, organisation de débats électoraux contradictoires télévisés pendant les campagnes de premier et second tour présidentiel) ont été rejetées par un pouvoir qui craint pour son avenir.
Toutes les conditions d’une triche généralisée sont donc réunies pour un scrutin dont il est de plus possible de mettre en doute l’opportunité au vu de la dégradation continue de la situation sécuritaire dans le centre et le nord du pays.Le Parti de Gauche s’insurge contre cette manœuvre anti-démocratique du pouvoir IBK et dénonce le silence complice du gouvernement français uniquement soucieux de préserver sa mainmise militarisée sur un Mali fragilisé grâce à un accord de défense qui permet tant au président français qu’à l’armée française de se déplacer sur le territoire du pays comme ils l’entendent.
Pierre Boutry