Candidat de la plus grande formation politique du pays, en terme de représentation et d’élus nationaux et communaux, il était l’un des quatre favoris de ce scrutin dont le premier tour était prévu pour ce 29 avril 2012 avant le coup d’Etat militaire du 22 mars dernier. Aujourd’hui, suite à ce coup de force qui a interrompu le processus démocratique de son pays, il a renoncé à cette ambition présidentielle pour sauver le Mali.
Homme politique expérimenté, Dioncounda est né le 23 février 1942 Kati, ville garnison sur les hauteurs de Bamako où a commencé, le 21 mars, la mutinerie qui a tourné au putsch le 22 mars dernier. Il est président de l’Assemblée nationale depuis le 3 septembre 2007.
Après avoir obtenu le Bac en 1961 au Lycée Terrasson de Fougères de Bamako (l’actuel lycée Askia), il a entrepris des études supérieures ayant aboutit à un doctorat en mathématiques.
Fonctionnaire, il fut Directeur général de l’Ecole nationale d’ingénieurs (ENI) de Bamako. Militant syndical et politique au sein des associations combattant le régime du Général Moussa Traoré (au pouvoir du 19 novembre 1968 au 26 mars 1991), il rejoint par la suite l’ADEMA-PASJ. Compagnon de lutte d’Alpha Oumar Konaré, premier président démocratiquement élu au Mali (8 juin 1992-8 juin 2002), il est l’un des fondateurs de cette alliance.
Avec l’élection du professeur Konaré à la présidence de la République du Mali, c’est une longue carrière ministérielle qui s’est ouverte à ce modeste et humble professeur d’université. Ainsi, le 9 juin 1992, Dioncounda Traoré est nommé ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Modernisation de l’administration. Puis, le 16 avril 1993, il devient ministre d’Etat, ministre de la Défense nationale avant de s’occuper du portefeuille des Affaires étrangères, des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine du 25 octobre 1994 jusqu’au 24 août 1997. Toujours en tant que ministre d’Etat.
En 1997, Dioncounda Traoré est élu député de Nara, d’où sa famille est originaire, et préside le groupe ADEMA-PASJ pendant toute la législature 1997-2002. Mais, en 2002, il est battu lors des législatives. Auparavant, en octobre 2000, il avait pris la direction de la Ruche (l’Abeille est le symbole de l’ADEMA) après le départ d’Ibrahim Boubacar Kéita alias « IBK ». Sept ans plus tard, ce leader politique au parcours atypique a fait un brillant retour à l’Hémicycle où, le 3 septembre 2007, il est élu président de l’Assemblée par 111 voix, contre 31 pour Mountaga Tall du Congrès national d’initiative démocratique (CNID) et cinq bulletins nuls.
Le 30 juillet 2011, les délégués des 53 sections de l’intérieur et ceux des 23 sections de l’extérieur de l’ADEMA-PASJ approuvent à l’unanimité la candidature de Dioncounda Traoré à l’élection présidentielle malienne de 2012. Mais, à la suite du putsch du capitaine Amadou Haya Sanogo le 21 mars 2012, des sanctions économiques sont prises par la CEDEAO à l’encontre du Mali et les Touaregs proclament l’indépendance unilatérale de l’Azawad.
Une médiation est menée avec les putschistes du Comité national de redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE) sous l’égide de la CEDEAO à travers le Burkina Faso. Celle-ci a abouti à un accord le 6 avril dernier. Le capitaine Sanogo rétablit les institutions démocratiques qui prévoient que l’intérim de la présidence de la République revient au président de l’Assemblée nationale et remet le pouvoir aux civils. C’est donc suite à cette évolution que Dioncounda Traoré est rentre à Bamako hier, 7 avril, pour prendre ses fonctions et organiser des élections démocratiques.
Il a ainsi dû sacrifier son ambition présidentielle pour secourir son pays dans une impasse politique aggravée par l’occupation des régions par des rebelles touaregs et des islamistes intégristes.
Même si ses détracteurs lui reprochent souvent son « manque de rigueur », le Pr. Dioncounda Traoré est réputé pour sa capacité d’écoute, sa vision pour le pays. Ceux qui connaissent mieux l’homme politique et le Chef de famille comme Drissa Diarra, cadre à l’Institut national de la prévoyance sociale (INPS), disent de lui qu’il est « un patriote, un rassembleur, un leader aux capacités d’analyse et de synthèse incomparables ».
« Les responsables, cadres et militants du parti et des mouvements affilés apprécient ses capacités d’analyse et synthèse par rapport aux situations les plus délicates qu’ils abordent toujours avec calme, pondération, comme cela se doit pour tout grand homme d’Etat, pour tout dirigeant d’un Etat moderne dans un cadre de démocratie réelle », disait récemment de lui son directeur de campagne, Ibrahima N’Diaye dit Iba. Autant de qualités et d’atout dont le professeur émérite et leader politique respecté a besoin pour sortir son pays de l’impasse et du chaos en un temps record. Et cela en prenant des décisions courageuses et pas forcément populaires.
xinhua Publié le 2012-04-08 20:59:04