Le nouveau Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, a insisté jeudi 06 avril 2017 devant le Conseil de sécurité sur la nécessité pour le Mali d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord de paix et de lutter contre l’insécurité et le fléau croissant de la criminalité transnationale organisée.
Tout en reconnaissant les progrès enregistrés ces derniers mois dans la mise en œuvre de l’Accord de paix, le nouveau patron des Casques bleus a souligné les retards importants enregistrés et la fragilité des gains réalisés.
«Dans l’ensemble, la mise en œuvre de l’Accord demeure lente. La stratégie nationale sur la réforme du secteur de la sécurité n’est pas finalisée. Les critères d’intégration des combattants issus des groupes signataires n’ont pas été encore déterminés et les huit sites de cantonnement construit par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) demeurent vides», a déclaré le Secrétaire général adjoint dans son exposé devant les membres du Conseil.
M. Lacroix a préconisé l’adoption de réformes à plus long terme sur le plan institutionnel et sécuritaire, notamment concernant le futur de l’armée nationale reconstituée. Il a fait valoir que l’absence de clarté sur le cadre institutionnel entrave les efforts sur le terrain et ne contribue pas à instaurer un climat de confiance entre les parties.
Rappelant qu’il avait eu l’opportunité, il y a environ deux semaines, de se rendre au Mali, avec son prédécesseur, Hervé Ladsous, le Secrétaire général adjoint a indiqué qu’après Gao, Kidal et Ménaka, le Comité de suivi de l’Accord a annoncé mercredi l’installation des autorités intérimaires à Taoudenni et à Tombouctou avant le 13 avril. Selon lui, ces avancées illustrent le retour graduel de l’autorité de l’Etat dans le nord du Mali dans le cadre des arrangements intérimaires et la MINUSMA, notamment à travers l’usage actif de ses bons offices, met tout en œuvre pour aider les parties à obtenir des résultats concrets sur le terrain.
En ce sens, Jean-Pierre Lacroix a fait valoir que la Conférence d’entente nationale qui s’est conclue ce dimanche 2 avril a été une occasion unique de rassembler les différents segments de la population malienne ainsi que les parties signataires. Il a souhaité que les avancées réalisées durant ces cinq jours servent de socle à l’élaboration d’une Charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale et enrichissent le processus de révision constitutionnelle, conformément aux dispositions fixés dans l’Accord de paix.
Par ailleurs, le Secrétaire général adjoint s’est dit préoccupé par la situation sécuritaire, précisant que les attaques des groupes terroristes continuent et sont de plus en plus sophistiquées. Il a confirmé qu’une nouvelle alliance, regroupant les groupes terroristes les plus actifs au Mali s’est créée sous la bannière d’Al Qaïda et la direction d’Iyad ag Ghali (chef d’Ansar Edine). Le groupe Daech, quant à lui, fait lentement son apparition dans la bande sahélienne.
Selon M. Lacroix, cette convergence de menaces est particulièrement préoccupante car elle survient dans un contexte où souvent la présence de l’Etat est faible ou parfois inexistante, et où la mise en œuvre de l’Accord de paix doit encore se traduire par des résultats tangibles sur le terrain.
Il s’est aussi inquiété du fait que le centre du pays demeure le théâtre de vives tensions inter-communautaires, elles-mêmes attisées par des groupes extrémistes qui, défiant l’autorité de l’Etat, procèdent à des assassinats ciblés et forcent à la fermeture des écoles dans certaines localités, privant les enfants d’une éducation.
Kantran Makhadoumbé
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