Décidemment, le Mali est en passe de devenir une république bananière. Après le discrédit sur la classe politique et les religieux, c’est au tour de nos hommes de renseignements, eux qui sont supposés être les derniers remparts, de s’abimer dans les eaux profondes du fleuve Djoliba. Le Directeur de la Sécurité d’Etat, SE, le Général Moussa Diawara a fêté de façon dispendieuse son cinquantième anniversaire, au moment où les Maliens broient du noir. A-t-il, un tant soit peu, pensé aux déplacés et autres victimes de la crise sécuritaire ? Sait-il que son poste est le plus important pour un pays en crise et qui exige plus de discrétion ?
Le poste du Général Moussa Diawara, à savoir le Directeur de la Sécurité d’Etat, rappelle des noms de grandes personnalités comme Vladimir Poutine, l’actuel Président de la Fédération de Russie ou encore Soumeylou Boubèye Maiga, l’actuel Premier ministre du Mali. Cet organe de l’Etat est plus qu’une institution, car il a la latitude de surveiller les institutions de la République. Comment son chef peut-il tomber aussi bas au point d’organiser une fête, à cout de millions ? Par cet acte maladroit, le Général Diawara serait désormais sur le banc des accusés et avec lui toute la République, à commencer par le Président.
Quelle image le Mali enverra aux autres pays en voyant le Directeur de la sécurité d’Etat entouré de certains ministres festoyer dans un décor somptueux, alors qu’au même moment l’insécurité est rampante faute de renseignements fiables ? Et ce, sans oublier le fait que certains meurent de faim faute de soins et d’assistance sociale ? Comment pourrait-on convaincre les enseignants que les caisses de l’Etat sont vides, quand certains, à la solde du contribuable malien, s’arrogent le droit de faire venir des stars à des couts de millions pour un simple anniversaire ?
Le Général Diawara a dû oublier qu’il est le cœur et est au cœur de la République. Les renseignements sont pour un pays ce qu’est le sang pour un corps, donc indispensable. C’est pourquoi, on alloue de gros budgets à la SE pour mener à bien sa mission de renseignements. Mais, par cet « anniversaire mondial », le Général Moussa Diawara donne l’impression que l’argent du contribuable qui devait servir à le sécuriser est utilisé à d’autres fins. Le hic est qu’il n’est pas à son premier coup d’essai.
Qui ne se rappelle pas des actions de rénovation du camp de garde ou des garnisons militaires, des dons, de parrainage de coupe de Football et même des clubs de soutien au Président de la République. Toutes choses qui sont aux antipodes de ses missions régaliennes. Le Général Moussa Diawara, directeur de la sécurité d’Etat, devrait être discret. Il devrait s’inspirer des exemples de certains de ses prédécesseurs comme Soumeylou Boubèye Maiga, qui fut à n’en pas douter le Directeur de la SE le plus discret et le plus craint. SBM a donné à ce poste un contenu et s’est rendu incontournable jusqu’à nos jours.
Sous Alpha Oumar Konaré, SBM était craint même par ses camarades de l’ADEMA, car on dit de lui qu’il a tous les dossiers de la République, mêmes les plus sulfureux. C’est pourquoi, on dit de lui qu’il est préférable de l’avoir avec soi que contre soi. D’où sa présence au cœur de la gestion de l’Etat, de l’avènement de la démocratie à aujourd’hui.
En définitive, il est attendu d’IBK un rappel à l’ordre du Général, voire une révocation, pour actes contraires à l’éthique et au bon fonctionnement de la structure.
Youssouf Sissoko