L’ancien ministre du développement rural et non moindre Secrétaire général du RPM ne dort plus que d’un seul œil depuis son éviction du gouvernement de Modibo Keita III. Tout indique que sa traversée du désert a déjà commencé. Il est désormais englué dans un tourbillon politico-judiciaire dont nul ne peut présager l’issue.
Sa gestion de certaines affaires, dénoncée en son temps par l’Opposition, fera désormais l’objet d’une analyse à la loupe par la Justice. Mais pourquoi c’est seulement maintenant ? Que cache cette saga judiciaire contre le numéro deux du parti présidentiel ? Sera-t-il le seul à être entendu ? La justice sera-t-elle un instrument au service des Princes du jour pour dissuader ou réprimer leurs adversaires politiques ?
La roue de l’histoire tourne et personne ne peut l’arrêter dit un adage. En apprenant de source bien informée, la convocation du Dr. Bocary Tréta au pôle économique et financier, la première impression qu’on recueille est qu’une page est entrain de se tourner définitivement entre IBK et Tréta. La seconde est que la justice semble « instrumentalisable » et la troisième est que ses jours sont désormais comptés au RPM. Nul n’a besoin d’être dans le secret des dieux pour savoir que cette cabale n’a d’autre but que d’affaiblir le tout puissant Tréta pour permettre à ses adversaires d’en découdre définitivement avec lui au prochain congrès du RPM. Loin de nous le sentiment de le disculper encore moins de le blanchir, nous disons tout simplement qu’il y a eu toujours dans ce pays, une justice à double vitesse. Selon que vous soyez puissant ou misérable, la Justice vous rendra innocent ou coupable.
La justice des vainqueurs et celle des vaincus semblent désormais en marche. Sinon comment comprendre qu’après tous ces scandales, de l’achat de l’avion présidentiel à celui des équipements militaires en passant par les cas supposés de corruption qui auraient entachés l’achat des milles tracteurs et des engrais frelatés, que Tréta soit le seul à être inquiet. Ainsi, pour ne pas donner l’impression d’une chasse aux sorcières ou à un règlement de compte politique, le Président de la République devrait aussi mettre à la disposition de la justice tous les autres présumés coupables de malversations financières, foncières et économiques.
A défaut de ce sursaut du premier citoyen, la justice « indépendante » devrait s’auto saisir pour tous les autres cas de malversations afin de redorer son blason. Pour rappel, sous le régime d’ATT, les mêmes pratiques étaient monnaie courantes. Pour des peccadilles de fait divers, des cadres qui ne voyaient pas dans la même direction que le régime étaient vilipendés, trimballés et trainés dans la boue devant une justice aux gardes à vous. Ce fut les mêmes pratiques sous l’éphémère régime de la junte militaire de Kati.
En définitive, ce qu’on demande aujourd’hui à nos magistrats c’est de renverser la tendance actuelle et de faire de la Justice, un véritable troisième pouvoir qui participe aussi au développement de la démocratie dans notre pays. Le combat pour l’avènement de la Démocratie au Mali ne fut pas sans ces hommes de droit de la trempe de Me. Demba Diallo, Me. Drissa Traoré, des magistrats Manassa Dagnoko et Mallé Diakité. La Justice ne doit plus être une autorité d’application dépendante du pouvoir politique. Le rôle que les justiciables sont en droit d’attendre d’elle, est qu’elle soit le gardien de nos libertés publiques.
Youssouf Sissoko
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Source : Inf@sept