Ce jeudi 20 octobre 2022, le Conseil National de la Transition a approuvé à l’unanimité, la militarisation de la Police et de la Protection civile. Cette militarisation intervient alors que la synergie de la police nationale avait dans un communiqué remise en cause en partie cette procédure en indiquant que « la Démocratie ne rime pas avec une police militarisée ».
C’est avec 111 voix pour, 0 contre et 0 abstention que le Conseil National de la Transition a donné son aval pour le projet de militarisation de la police nationale et de la protection civile. Un projet qui émane d’une forte recommandation du peuple malien, lors des Assises nationales de la refondation.
Mais le hic est que les acteurs de la corporation regroupée dans une synergie contestent en partie cette décision. A travers un communiqué publié le 18 octobre dernier, les syndicats déplorent le manque de discussion autour du projet. « Après consultations, la Synergie s’est investie pour rencontrer le Directeur général de la Police nationale, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile pour comprendre davantage comment ce projet qui va désormais gouverner la vie de toute une corporation est porté de manière unilatérale, sans faire de discussions en Conseil supérieur de la Police », précise le communiqué.
Tout en informant que : « ce projet, dont le Conseil national de Transition s’apprête à se prononcer dessus, apparait comme la matérialisation sur le papier de ce qui est déjà une réalité sur le terrain, c’est-à-dire, malgré ses maigres moyens, la Police est présente sur les théâtres d’opérations, partout sur l’ensemble du territoire national et participe à la défense opérationnelle du territoire, mission qui en temps normal est dévolue à l’Armée ».
Sans faux-fuyant, la synergie indique « certes la police nationale dans son ensemble est prête à apporter sa pierre à la refondation de l’Etat, si cela passe obligatoirement par sa militarisation, cependant elle reste dubitative sur beaucoup de zones d’ombre qui émaillent les contours liés à ce projet ».
C’est d’ailleurs pourquoi, lors de sa rencontre avec la commission défense et sécurité du Conseil National de Transition, les deux représentants de la synergie ont insisté sur ; la nécessité d’un renvoi pour mener des discussions préalables, afin d’aboutir à un projet consensuel dont les contours seront déjà connus avant l’adoption, la préservation des acquis en terme d’avantages, surtout l’architecture de la Police en la dotant d’un statut militaire spécial car la Police a ses spécificités et les avantages liés à ces spécificités doivent être impérativement préservés, les garanties en amont du maintien des corps et grades en ayant des équivalences avec ceux de l’armée afin d’avoir une grille harmonisée dans le nouveau statut.
Tout de même, la militarisation de la police est une recommandation des assises nationales mais les syndicats déplorent que cette procédure et la démocratie ne fassent pas bon ménage. « Puisque la Police est au service du peuple, elle pourra se réserver le droit d’épiloguer sur la pertinence ou non d’un tel projet de loi et partant, s’y conformer. Ce qui est sûr, si cette militarisation émane du peuple, ce même peuple demandera la démilitarisation un jour, car la démocratie ne rime pas avec une police militarisée », prévient le communiqué. Avant d’ajouter que la police demeurera un maillon de la chaîne étatique, donc assujettie à la loi et à l’autorité de l’État.
Les syndicats ont, à travers ce communiqué, alerté les autorités de la transition sur ce qu’ils appellent « les dangers liés à une militarisation déséquilibrée, remettant en cause les acquis de la Police nationale dans sa spécificité ».
Ce projet approuvé par le Conseil National de Transition a-t-il pris en compte les doléances de la synergie des syndicats de la police nationale ?
Affaire à suivre !
ABK