Mali : la guerre des clans éclate au sommet de la transition entre Assimi Goïta et Sadio Camara

Au Mali, l’unité qui faisait la force des tombeurs de l’ex-président Ibrahim Boubacar Keïta en 2020 semble aujourd’hui en lambeaux. Une lutte de pouvoir oppose désormais les deux figures emblématiques de la transition : le président Assimi Goïta et son ministre de la Défense, Sadio Camara. Une guerre des clans qui fait vaciller les fondements mêmes de la junte militaire au pouvoir.

Le dimanche 30 mars, le général Assimi Goïta a fait une apparition remarquée à la mosquée du palais de Koulouba, vêtu d’un bazin blanc éclatant. Rompant avec la tradition, il a choisi de ne pas se rendre à la grande mosquée de Bamako pour la prière de l’Aïd el-Fitr, invoquant des raisons de sécurité. Dans son message à la nation, il a rappelé à ses concitoyens « l’importance cruciale de l’unité et de la stabilité » en cette période charnière pour le pays.

Mais derrière cet appel à la cohésion, les tensions au sein du pouvoir militaire sont palpables. D’un côté, les fidèles d’Assimi Goïta, chef de la transition depuis le double coup d’État de 2020-2021. De l’autre, les partisans de Sadio Camara, figure montante de l’armée et influent ministre de la Défense. Leur rivalité, longtemps feutrée, s’est désormais muée en une lutte ouverte pour le contrôle des leviers de l’État.

Selon plusieurs sources proches du pouvoir, cette fracture ne serait pas seulement politique, mais également stratégique. Des divergences profondes existeraient quant à la gestion de la sécurité, les alliances internationales, et la préparation éventuelle d’un retour à un régime civil. Certains redoutent même que cette division affaiblisse durablement la junte et plonge le pays dans une nouvelle instabilité.

L’avenir de la transition malienne semble donc incertain. Alors que les défis sécuritaires et économiques demeurent criants, la junte survivra-t-elle à ses propres dissensions ? Le peuple malien, pris en otage entre ambitions personnelles et enjeux nationaux, attend des réponses.