Mali : la grève des banques maintenue malgré l’ouverture du dialogue avec les autorités

Au Mali, le Syndicat national des assurances, banques, établissements financiers et commerces du Mali (SYNABEF) maintient sa grève annoncée pour le 17 avril prochain, malgré l’ouverture d’un dialogue avec les autorités.

Plus de doute désormais, les négociations engagées entre le gouvernement malien et le Syndicat national des assurances, banques, établissements financiers et commerces du Mali (SYNABEF) ne changent rien pour le moment : la grève annoncée dans les banques et dans d’autres secteurs de l’économie du pays à partir du 17 avril prochain reste maintenue.

Prévue pour 72 heures, elle pourrait être reconduite jusqu’à 120 heures, selon les besoins de la mobilisation. C’est ce qu’a fait savoir le secrétaire général du SYNABEF, Hamadoun Bah, lors d’une conférence ce lundi, 14 avril 2025, à Bamako.

Selon lui, les négociations n’ont, pour l’heure, pas connu d’avancées majeures. « Sur les quinze points de revendication adressés au gouvernement, seul celui lié à la société Petro Bama a été satisfait. Tous les autres demeurent sans réponse concrète », a indiqué le syndicaliste. Il affirme que son camp maintient sa main tendue au dialogue, tout en assumant pleinement le recours à la grève comme un droit syndical légitime.

Le SYNABEF estime que ses revendications, qui touchent à la dignité et aux droits fondamentaux des travailleurs, ne sauraient être négligées ni différées. Il appelle ainsi ses militants à rester mobilisés, disciplinés et déterminés.

Dossiers brûlants

Parmi les points au cœur de cette bataille, figure celui des 158 travailleurs licenciés de l’entreprise UBIPHARM. Pour le syndicat, leur réintégration reste une exigence non négociable. « Ce seul dossier suffit à justifier notre mouvement », a affirmé Hamadoun Bah, qui souligne que la judiciarisation de l’affaire ne saurait justifier l’inaction. « Le dialogue social doit primer sur des procédures longues et incertaines », a-t-il martelé.

Il y a ensuite la détention de certains agents d’ECOBANK, dont le SYNABEF réclame la libération immédiate et sans condition. Selon l’organisation syndicale, ces travailleurs n’ont fait que respecter les règles en vigueur dans leur secteur. Leur poursuite judiciaire remettrait en cause, selon elle, la sécurité juridique de tous les employés du système bancaire. « Si appliquer la réglementation conduit à la prison, alors il ne reste plus qu’à arrêter de travailler », estime M. Bah.

Une lutte purement syndicale et légale

Par ailleurs, le SYNABEF a mis l’occasion à profit pour répondre à certaines critiques, accusant le syndicat de vouloir perturber l’ordre public. Hamadoun Bah a dénoncé « une tentative de diabolisation du mouvement syndical », appelant au respect du droit constitutionnel à la grève. « Nous n’avons aucun agenda politique. Notre combat est syndical, social, légal », a-t-il assuré. Il rappelle que « la grève est un droit. C’est un levier de pression, certes, mais surtout un moyen de responsabiliser les autorités. »

Alpha Fafaya Diallo