MALI, GUINEE, NIGER… L’agriculture et la productivité à l’heure du numérique

L’introduction du système de bons électroniques ou e-vouchers, appuyé par des moyens numériques, pour la délivrance de subventions agricoles en Guinée, au Mali et au Niger peut considérablement améliorer la transparence de la distribution des engrais et des semences, accroître la productivité agricole et favoriser la participation du secteur privé.
Intitulée « Numériser l’agriculture : résultats des programmes de délivrance de bons électroniques au Mali, au Niger et en Guinée », la septième édition du Bilan économique AFCW3 publiée par la Banque mondiale analyse deux aspects novateurs du développement régional, à savoir l’introduction des systèmes de bons électroniques ou e-vouchers, appuyés par des moyens numériques, pour la délivrance de subventions agricoles en Guinée, au Mali et au Niger; et les expériences pilotes d’introduction du suivi itératif des bénéficiaires dans ces trois pays et au Tchad.
Articulé autour de trois composantes clés, notamment une plate-forme numérique pour les messages SMS, une base de données fiable d’agriculteurs enregistrés électroniquement dans des régions ciblées et un répertoire des distributeurs d’intrants agricoles, le programme de bons électroniques a permis de tirer des enseignements importants de leur application en Guinée, au Mali et au Niger. Il s’agit, entre autres, de mieux cibler les bénéficiaires, diversifier le contenu et encourager les interventions axées sur le genre.
L’application des recommandations de cette étude permettra de renforcer le rôle du secteur privé dans le financement et la distribution des intrants agricoles et aussi de lever les contraintes pour l’accès des bénéficiaires analphabètes, y compris les femmes, à ce système innovant.
En se basant sur le suivi itératif des bénéficiaires, une autre expérience pilote en Guinée, au Mali, au Niger et au Tchad, le rapport de la Banque mondiale indique également qu’avec un simple questionnaire et des missions de courte durée sur le terrain, on peut directement collecter auprès des bénéficiaires des informations sur la performance d’un projet. Le suivi itératif des bénéficiaires permet ainsi d’améliorer à long terme la réactivité des équipes du projet ainsi que l’engagement et la satisfaction des bénéficiaires.
« Le suivi itératif des bénéficiaires a d’abord été développé au Mali, pour pallier l’accès limité aux activités du projet dans certaines zones du pays à risque en raison de l’insécurité, mais considérant son efficacité, il est devenu attractif et applicable même dans des environnements sécurisés », explique Soukeyna Kane, directrice des opérations de la Banque mondiale pour la Guinée, le Mali, le Niger et le Tchad. La Banque mondiale étend actuellement l’approche du suivi itératif des bénéficiaires à divers programmes en dehors des quatre pays précurseurs, notamment au Bénin, en République centrafricaine et au Nigeria. Sur le plan des indicateurs économiques, le rapport souligne que la croissance économique en Guinée, au Mali, au Niger et au Tchad est résiliente avec des perspectives d’accélération. Les taux de croissance sont respectivement de 6,5% pour le Niger, 5,9% pour la Guinée et 5% pour le Mali ; quant au Tchad, sa croissance est estimée à 3,4% en 2019.
Zan Diarra avec la Banque mondiale

Soleil Hebdo