Au moment où des médias français titraient lundi dernier sur la visite prochaine d’Emmanuel Macron au Mali, une pluie d’obus s’abattait sur des cibles militaires et civiles à Tombouctou. La situation sécuritaire s’aggrave dans ce pays malade, et les djihadistes qui exploitent les failles de la lutte anti-terroristes entendent, sans le dire, faire pièce à Emmanuel Macron. Le nouveau président a promis de poursuivre l’oeuvre de François Hollande, le précurseur des opérations militaires françaises au Mali.
La journée du 15 mai 2017 a été marquée par des attaques tous azimuts dans le nord et le centre du Mali. A Tombouctou, c’est un camp des casques bleus et l’aéroport qui ont été visés par des obus. Le groupe terroriste dirigé par Iyad Ag Aly a rapidement revendiqué l’attaque dans une vidéo postée le même jour sur internet.
Quelques jours peu avant, une attaque similaire a frappé un autre camp de l’ONU dans la ville de Gao où 6 obus avaient atterri. A cela s’ajoutent des attaques quotidiennes contre les Forces armées maliennes(FAMA) qui tombent dans des embuscades où sautent sur des engins explosifs.
L’enlisement de la situation sécuritaire au Mali est un défi pour Emmanuel Macron qui va probablement poursuivre la politique de François Hollande. En plus d’être celui qui a déclenché l’opération Serval en janvier 2013 pour déloger les djihadistes des villes du nord du Mali, Hollande est l’auteur de l’accord de défense qui unit la France et le Mali.
C’est en vertu de cet accord qu’une partie des troupes françaises stationnées au Mali en 2013 poursuit la lutte contre le terrorisme. Ces soldats français, plus présents au nord, mènent actuellement des opérations dans plusieurs parties du pays et sur des zones frontalières, vers le Niger et le Burkina Faso.
La question est de savoir si le président Macron apportera sa touche particulière aux opérations militaires de la France dans un contexte polémique. Kidal où l’armée malienne et les services sociaux n’existent pas, reste le nœud gordien d’une crise qui a maintenant des relents communautaires, avec les Imgahd et les Iforas au cœur.
Trancher ce nœud gordien demandera à Emmanuel Macron de bousculer certaines habitudes. D’ailleurs, l’Association des amis de Claude Verlon et Ghilsaine Dupon a invité le nouveau président Français à s’impliquer pour faire aboutir l’enquête sur l’assassinat de deux journalistes français à Kidal.
En attendant, Emmanuel Macron s’est déjà prononcé sur le devenir de la présence militaire française au Mali et dans le Sahel. Dans son premier discours en tant que président de la République, il s’est engagé à lutter contre le terrorisme, même hors de la France.
Soumaila T. Diarra