Comme tous les secteurs de l’économie nationale, les Agences de voyage ont été prises au dépourvu par le COVID 19. Avec la fermeture de l’espace aérien national aux vols commerciaux, elles se retrouvent presque toutes dans une périlleuse zone de turbulence. Et naturellement que les regards sont tournés vers le gouvernement dans l’espoir de bénéficier des mesures d’accompagnement.
K.O debout ! L’expression du noble art convient mieux aujourd’hui pour décrire la situation dans laquelle les Agences de voyage se retrouvent avec les mesures préventives prises par le gouvernement contre le coronavirus, notamment la fermeture de l’espace aérien national aux vols commerciaux. Elles sont si groggy qu’elles préfèrent pour le moment ne pas parler de chiffres en termes de pertes. «Je ne souhaite même pas penser aux conséquences financières et sociales parce qu’elles seront inéluctablement dramatiques», souligne avec amertume, un promoteur.
«Ca tombe à un très mauvais moment pour nous. Mais, personne n’a le choix face à ce péril sanitaire», souligne Mme Cissé Fatimata Kouyaté, présidente de l’Association malienne des agences de voyage et du tourisme (AMAVT) et coordinatrice de la filière privée du Hadj.
«La fermeture de l’espace aérien aux vols commerciaux signifient qu’il n’y a plus de vols, donc plus de vente de billets. Autrement, les profits sont mis en veilleuse car il n’y a pas de rentrée d’argent. A la longue, ce sont beaucoup d’agents qui vont bientôt se retrouver au chômage avec ses dramatiques conséquences», souligne Mme Cissé qui est aussi la promotrice de l’agence Timbuctours/ECM qui est membre du Groupe STV.
Le coup est particulièrement violent pour les Agences de voyage spécialisées dans le tourisme religieux (Oumra et hadj) qui se préparaient déjà pour la Oumra ou le petit pèlerinage. «Avec ces nouvelles mesures, toutes les prestations ont été annulées. Ce qui n’est pas sans conséquences puisque des fidèles avaient déjà procédé à des dépôts en vue d’effectuer la Oumra dans les semaines à venir. Cela peut créer des contentieux pouvant conduire à des poursuites judiciaires», explique Fatimata Kouyaté Cissé, coordinatrice de la filière privée du Hadj.
Les regards tournés vers le gouvernement pour des mesures d’accompagnement
Si le coût du pèlerinage a été officiellement fixé à 2 850 000 F Cfa pour la filière gouvernementale, le petit pèlerinage (Oumra) se négocie entre 1,2 et 1, 6 millions de francs CFA en fonction de la période et de la durée du séjour. Officiellement, elles sont 363 sociétés dans l’organisation du Hadj et de l’Oumra.
«L’annulation de la OUMRA et certainement du Hadj aussi, fausse les plans de développement des Agences ; affaiblit leurs capacités financières… Si la situation perdure, elles sont nombreuses les associations qui vont devoir déposer le bilan», démontre Fatimata avec beaucoup d’angoisse dans la voie.
Au Mali, les Agences membres de l’Association internationale du transport aérien (IATA) ont organisé une rencontre le samedi 21 mars 2020 afin d’évaluer l’ampleur du désastre (financier et social) et faire des propositions au ministère de l’Economie et des Finances. «Sans une subvention de l’Etat, beaucoup d’agence ne pourront pas tenir», nous confie la présidente de l’AMAVT. En saisissant le gouvernement, les professionnels du secteur espèrent bénéficier de subventions ou d’abattements fiscaux (impôts et taxes) afin de garder pignon sur rue… Ils souhaitent également l’accélération du paiement de la dette intérieure. Des mesures indispensables pour limiter les dégâts et leurs conséquences dramatiques sur les entreprises, donc sur l’économie nationale ainsi que les foyers !
Moussa Bolly
LE MATIN