En décidant de nommer un émissaire pour tenter de sortir de l’impasse avant les élections, le président Dioncounda Traoré envoie un signal, le premier, qui démontre que l’Etat malien veut s’investir dans le règlement de la question touarègue dans le Nord. Question presque tabou jusqu’à maintenant à Bamako, et donc traitée par des acteurs extérieurs, que ce soit sur le plan militaire ou politique.
Tiébilé Dramé aura pour mission d’aboutir à un compromis avec les groupes armés et, en tout premier lieu, avec les rebelles touaregs du MNLA, pour permettre la tenue des élections sur tout le territoire, et en particulier à Kidal, où le MNLA refuse jusqu’à maintenant le retour de l’administration et de l’armée malienne.
Les atouts de Tiébilé Dramé
La mission est périlleuse, mais Tiebilé Dramé à quelques atouts en main. Il connait le nord du Mali, ce qui n’est pas le cas de beaucoup de leaders politiques de Bamako. Sa première prise de contact avec la région du Nord remonte au temps de sa jeunesse. Entre 1977 et 1980, il est l’un des dirigeants de l’Union nationale des élèves et étudiants. Le régime de Moussa Traoré lui fera goûter la prison à Boureissa, Talataye et Menaka.
En 1996, il occupe le Ministère des zones arides et semi-arides du gouvernement d’Ibrahim Boubacar Keïta, ce qui lui permet de découvrir la région septentrionale du pays et de rencontrer ses diverses communautés. Le Parena, son parti créé en 1995, est l’un des rares a s’intéresser de près à la question du Nord et a ses problématiques.
En mai 2012, le parti plaide pour que les communautés internationale et régionale s’impliquent sur le Mali. Cinq mois plus tard, en octobre 2012, Tiebilé Dramé organise de grandes assises à Bamako, qui réunissent cinq cents personnes, venues du Nord pour témoigner sur l’occupation de leurs villes par les groupes rebelles et jihadistes.
Première mission : se rendre incontournable
Selon des sources bien informées, la présidence malienne souhaite que son émissaire devienne l’interlocuteur et le passage obligé des initiatives diplomatiques menées par les multiples médiations régionales et internationales. En clair, le président malien entend obtenir que les diverses médiations, celles de la Cédéao, de l’Union africaine ou encore desNations unies, n’opèrent plus chacune dans leur coin, mais en synergie avec Tiebilé Dramé.
Pour ne pas froisser les susceptibilités, le conseiller spécial du président malien devrait se rendre rapidement auprès des chefs d’Etat et des organisations impliquées dans le dossier. L’étape suivante sera beaucoup plus périlleuse. Contacté par RFI, Tiebilé Dramé a refusé de préciser quelle sera sa méthode de travail.
Par RFI 2013-05-17 01:48:50