Les pro-junte portaient pancartes et banderoles sur lesquelles on pouvait lire « A bas ATT », « A bas la France », « A bas Sarkozy », « A bas la communauté internationale » ou encore « Vive la junte ».
Ils scandaient également des slogans en hommage au chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo, tels que: « Sanogo solution! ».
Dans le même temps, le ministre burkinabé des Affaires étrangères, Djibril Bassolé, a déclaré sur RFI que les dirigeants de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), réunis mardi en sommet à Abidjan, envisageaient « une transition » qui serait dirigée par Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée nationale dissoute par les putschistes.
« Si c’est la formule qui peut permettre de sortir de crise, pourquoi pas? Et je pense que le Président Amadou Toumani Touré n’y verrait lui-même pas d’inconvénient, lui qui a toujours souhaité la paix, la stabilité et la démocratie », a-t-il ajouté.
Une délégation de chefs d’Etat ouest-africains conduite par l’Ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de la Cédéao, doit aller jeudi à Bamako pour en discuter avec la junte afin d’assurer dans les plus brefs délais un retour à l’ordre constitutionnel.
Le sommet, qui a suspendu le Mali de la Cédéao, a également autorisé « la montée en puissance de sa force pour parer à toute éventualité » et nommé médiateur le président burkinabé Blaise Compaoré.
Dimanche, le ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt avait déjà évoqué une transition en soulignant que la Constitution malienne, suspendue par les militaires au pouvoir, prévoit qu’en cas d’empêchement du chef de l’Etat, le président de l’Assemblée nationale assure l’intérim.
« Acte fondamental »
Cette solution écarterait tout retour du président ATT, qui était au pouvoir depuis 2002 et avait de toute façon annoncé depuis longtemps qu’il ne briguerait pas de troisième mandat lors du scrutin présidentiel qui était prévu le 29 avril, en dépit de la reprise d’une rébellion touareg mi-janvier dans le nord du pays.
Le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE, junte) a affirmé avoir pris le pouvoir pour mettre un terme à « l’incompténce » du régime ATT dans la lutte contre cette rébellion et les activités de groupes islamistes armés dans le nord.
Mardi soir, le CNRDRE a adopté « l’acte fondamental », une Constitution de quelque 70 articles qui sera en vigueur durant la transition.
Le préambule stipule que le peuple malien « affirme solennellement sa détermination de perpétuer un Etat de droit et de démocratie pluraliste dans lequel les droits fondamentaux de l’Homme » sont « garantis ».
Aucun membre de la junte ne sera autorisé à être candidat aux élections législatives et présidentielle qu’elle prévoit d’organiser, affirme cet « acte fondamental », sans préciser la date des scrutins.
Le coup d’Etat a été unanimement condamné par la communauté internationale. Mercredi, le Haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Mme Navi Pillay, a affirmé que « les changements anticonstitutionnels de gouvernement, accompagnés de violence, peuvent avoir un impact dévastateur sur la situation des droits de l’homme ».
« Le Mali a également une bonne pratique en matière d’élections démocratiques au cours des deux dernières décennies et j’espère qu’il reviendra sur cette voie dès que possible », a-t-elle ajouté.
Au Mali même, la quasi-totalité de la classe politique est opposée à la junte, à l’exception du seul parti d’opposition représenté à l’Assemblé nationale dissoute (3 députés sur 147), Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi).
Le Sadi a créé le Mouvement populaire du 22 mars (M22), favorable aux mutins et est à l’origine de la manifestation de mercredi à Bamako.
AFP – – Publié le 28/03/2012 à 13:54