L’EXECUTIF NATIONAL DE L’ASSOCIATION FASO KANU
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République du Mali
Un Peuple, Un But, Une Foi
DECLARATION DE L’ASSOCIATION POLITIQUE FASO KANU SUR LE DEPART D’IBK DU POUVOIR.
La crise électorale, liée aux dernières élections législatives organisées en dépit de la COVID-19 et de l’insécurité dans le pays, a précipité le régime d’IBK vers sa fin. C’est le refus des électeurs et des députés légitimement élus par le peuple de renoncer à leurs sièges, qui a déclenché une réaction populaire hostile au régime d’IBK. Réaction populaire suivie peu après de la création, par Cheick Oumar Sissoko, d’EMK (Espoir Mali Kura). Très vite, EMK est rejoint par la CMAS et le FSD pour constituer la Troïka, puis le M5 (Mouvement du 5 juin) aux revendications légitimes. Dès lors, ce mouvement populaire n’a cessé de voir ses rangs grandir. Le refus de ces députés légitimes de monnayer leurs sièges, leur conviction et leur sincérité ont fini par faire admettre à tous, y compris à IBK lui-même, l’injustice dont ils ont été victimes. Injustice perpétrée par une Cour constitutionnelle instrumentalisée par certains cadres du régime à la tête duquel se trouvait IBK. Cour constitutionnelle dont la présidente, Manassa Danioko, n’était, après tout, que le bras armé. Si l’exécutant a sa part de responsabilité, le coupable reste l’ordonnateur de la fraude.
Cette crise électorale a déclenché un tsunami qui a fini par emporter un IBK grisé par le pouvoir. Le système présidentiel actuel qui empêche le fonctionnement normal des institutions, permet à un président tout puissant de mettre ces institutions et l’administration à la disposition du régime dans le seul but de satisfaire des intérêts privés et étrangers, est arrivé au bout de sa logique.
IBK a creusé sa tombe avec ses propres dents.
Son incapacité à œuvrer un tant soit peu à soulager la misère du peuple qui l’a si brillamment porté au pouvoir en 2013 ; son refus obstiné d’écouter les conseils de certains leaders, qu’ils soient de la société civile, politiques ou religieux ; sa gestion clanique, familiale et anti démocratique du pouvoir qui a ruiné le Mali ; son acharnement sans discernement à satisfaire les désirs d’une communauté internationale animée par ses propres intérêts, aux dépens de ceux du Mali et des Maliens ; son entêtement à s’accrocher à un pouvoir que le peuple ne lui reconnaissait plus et lui demandait pacifiquement de rendre dans l’honneur, le respect et la dignité ; sa propension à user de la violence pour réprimer les manifestants pacifiques qui réclamaient son départ afin que puisse émerger une nouvelle gouvernance ; la détermination aveugle et sourde de son régime à tirer et à tuer lâchement des manifestants pacifistes tandis que des hommes armés sèment tranquillement la terreur dans le centre et au nord du pays, poussant des milliers de Maliens à quitter leurs terres. Nous veillerons à ce que ces jeunes qui manifestaient pour un Mali plus juste ne soient pas morts pour rien. Paix à leur âme.
En s’enfermant dans un autisme criminel et en utilisant abusivement institutions et administration, payées avec nos impôts, pour défendre leur pouvoir et des intérêts étrangers, IBK et son régime ont creusé leur tombe avec leurs propres dents.
Il est dommage pour IBK, sa famille, son clan, son régime et ses partenaires étrangers, qu’ils n’aient pas compris que l’Afrique, et le Mali en particulier, sont entrés dans un nouveau cycle historique. Que le temps béni des colonies est révolu pour les anciennes puissances coloniales, mais également pour leurs alliés objectifs « collabos » qui, parmi nous, les accompagnent dans leur sinistre dessein de destruction de notre pays. Que la jeunesse, sacrifiée au nom du progrès et du confort de quelques-uns, rêve d’un avenir qui ne se résumera pas à l’exil, au mercenariat ou au terrorisme trafiquant en tous genres.
Il est dommage qu’IBK ait fini par assimiler le pouvoir qui lui a été démocratiquement délégué par le peuple malien, à un pouvoir de droit divin qui faisait de lui le propriétaire du Mali et des Maliens sa vache à lait.
Il est dommage que les militaires aient été obligés d’intervenir pour obtenir ce que des semaines de manifestations pacifiques, sous la direction du M5-RFP et de son autorité morale, l’Imam Dicko, n’ont pu obtenir : le retrait du pouvoir d’IBK.
Nous souhaitons du plus profond de notre cœur et au nom de l’amour que nous portons à notre Patrie, que les militaires, soutenus par le peuple malien, qui ont arrêté IBK sans violence ni effusion de sang, dans le respect de la fonction de président de la république et du peuple malien, ne feront pas la même erreur qu’IBK : oublier que l’on n’a que le pouvoir que l’on vous prête. Leur pouvoir se trouve dans le soutien du peuple et non du côté des politiques criminelles des intérêts étrangers qui vivent du sang des Maliens. Il est temps pour nous, Maliens, de comprendre que les étrangers ne peuvent pas aimer, ni servir le Mali, plus que nous-mêmes.
Les ennemis du Mali, d’au-dedans et d’au dehors, s’agiteront en tous sens pour préserver leurs intérêts. A-t-on jamais vu un oppresseur renoncer spontanément à ses privilèges pour défendre les intérêts de ses victimes ? Non. Seule la lutte libère ! Pour vaincre, nous devons rester unis, avec pour seul objectif de récupérer puis de reconstruire notre pays.
Il n’y a aucun doute, IBK a été un très mauvais dirigeant qui a trahi son pays et son peuple. Pour sa part, depuis sa création en 2014 à aujourd’hui, l’association politique Faso Kanu n’a jamais soutenu IBK et son régime. Depuis 2017, elle réclame son départ.
Néanmoins, la situation actuelle du Mali ne peut se résumer à la simple personne d’IBK. Si nous sommes pour son retrait du pouvoir, cela n’est pas suffisant. Il nous faut admettre que les problèmes du Mali sont systémiques. C’est le système politique en place qui a permis à IBK d’abuser les Maliens, d’instrumentaliser nos institutions. Et, c’est ce même système qui empêche l’émergence d’un véritable contre-pouvoir, représenté, notamment, par une opposition crédible et des institutions solides et indépendantes.
Quelles solutions après le 18 août 2020 ?
Il est temps, aujourd’hui, de tirer les leçons du passé pour refonder carrément notre système politique. Pour cela, nous devons aller, sans nuance, à une quatrième république qui prendra en compte les aspirations profondes de notre peuple. Ce que l’association politique Faso Kanu a commencé à réclamer dès avril 2016, dans sa note d’information nº: 001 du 30 avril 2016.
Après le départ d’IBK, il ne faudra plus donner l’occasion aux ambitions personnelles de prendre le pas sur les intérêts du Mali. Faso Kanu, en tant qu’association politique responsable, s’inscrit dans cette logique et s’associera à toute démarche ou initiative dont les véritables intentions pour l’avenir de notre Patrie seront clairement définies et annoncées.
Pour refonder notre démocratie, rétablir l’intégrité territoriale et notre souveraineté, Faso kanu propose :
• Une transition politique de trois ans qui regroupera les différentes couches de notre société, dans l’esprit de notre devise : Un Peuple, Un But, Une foi.
• Cette transition devra être l’occasion de renouveler une classe politique qui applique depuis trente ans les mêmes recettes inefficaces. Elle devra faire appel à des femmes et à des hommes « neufs » qui ont une autre conception de la politique et pourront proposer une alternative crédible.
• La mise en place des organes de transition et le choix des femmes et des hommes qui les animeront selon des critères objectifs et vérifiables bien définis : compétence, bonne moralité, engagement pour le Mali, ne posséder que la nationalité malienne.
• De vraies assises nationales souveraines, non bâclées, pour discuter à fond et sans tabous de toutes les questions qui enfoncent le Mali dans une crise multidimensionnelle : problèmes sociaux (agriculture, école, santé, justice, électricité, eau, etc.) ; intégrité territoriale ; respect de nos symboles républicains (hymne, drapeau et devise) sur l’ensemble de notre territoire ; institutions qui favorisent un fonctionnement autocratique du pouvoir ; système électoral qui empêche la démocratie de s’installer.
• Un changement profond de notre mentalité pour nous sortir de la dépendance à l’aide et aux cultures étrangères. Dépendance qui nous conduit à la mendicité et au reniement de notre identité. Ce changement, impulsé par le haut, passera notamment par :
o La création de revenus et d’emplois par la valorisation de nos ressources locales à travers la transformation locale, qu’elle soit industrielle ou artisanale, pour assurer, au moins, l’autosuffisance alimentaire ; o La révision des contrats d’exploitation de nos ressources minières ;
o La lutte effective et implacable contre la corruption et les détournements de fonds
publics, avec retour au Trésor des sommes volées aux Maliens ; o Une feuille de route dont l’application nous conduira à la 4e République.
Enfin, nous devons faire face comme un seul homme à ceux qui veulent nous imposer à tous prix, un système de gouvernance caduc. Avant de s’acharner sur le Mali, pourquoi ces institutions internationales ne vont-elles pas rétablir sur leur « trône » Blaise Campaoré au Burkina Faso ou Omar El Béchir au Soudan ? Notre armée serait-elle plus armée que celles qui ont chassé ces dirigeants avant le terme de leur mandat, sans attendre leur démission ? Ces mêmes institutions ont pourtant accepté la démission du président ATT suite au coup d’état de 2012. Un abus de pouvoir inacceptable : le peuple malien a le droit de décider qui le dirigera. Surtout quand, le processus électoral devient de plus en plus biaisé.
Bamako, le 20/08/2020
Le commissaire Principal de l’association politique Faso Kanu
Ibrahima KEBE