Une délégation du gouvernement malien a été reçue lundi par M. Compaoré. Des représentants d’Ansar Dine, l’un des groupes islamistes armés occupant le nord du Mali, et de la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) sont arrivés depuis ce week-end dans la capitale burkinabè en vue des premières discussions conjointes avec des représentants du pouvoir malien.
La délégation de Bamako, emmenée par le ministre des Affaires étrangères Tiéman Coulibaly, a rappelé ses conditions pour un dialogue, après un entretien de moins d’une demi-heure avec M. Compaoré, médiateur pour la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
« Nous agissons dans le cadre de la Constitution du Mali : la République est une et indivisible et elle est laïque, et à cet égard les revendications indépendantistes et autres, les tentatives d’installer une confession et une loi par la force ne peuvent pas prospérer au Mali », a souligné M. Coulibaly devant la presse.
Mouvement essentiellement composé de Touareg maliens, Ansar Dine occupe le nord du Mali avec deux autres groupes islamistes, les jihadistes surtout étrangers d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Ils appliquent très strictement la charia (loi islamique) dans la région.
Rébellion touareg laïque et prônant l’autodétermination du Nord malien, le MNLA a été évincé en juin de la région par les islamistes avec qui il avait mis en déroute l’armée malienne en début d’année. Il reste toutefois considéré comme un acteur-clé.
Depuis plusieurs mois, M. Compaoré « a beaucoup discuté avec les uns et les autres dans le cadre de séances préparatoires. Je crois que le moment est venu de passer à une autre phase, c’est pour cela que nous sommes là », a encore expliqué le chef de la diplomatie malienne.
« Nous aboutirons », a-t-il assuré. Il s’est cependant montré prudent sur les discussions de mardi : elles doivent selon lui seulement permettre d’examiner « les possibilités d’amorcer un dialogue ». Ce qu’un autre membre de sa délégation interrogé par l’AFP, l’homme politique Tiébilé Dramé, appelle une « phase pré-exploratoire ».
Le président Compaoré pousse à une solution négociée alors que se prépare une intervention armée africaine, qui attend l’aval de l’ONU.
Si les discussions de Ouagadougou aboutissaient, une éventuelle opération militaire ne devrait viser que les groupes « terroristes » occupant le nord du Mali, Aqmi et le Mujao.
Mais certains à Bamako refusent tout compromis avec Ansar Dine et le MNLA. Plusieurs associations et partis politiques maliens se sont dits samedi contre toute négociation avec ces mouvements et ont récusé la médiation de M. Compaoré.
Afp 03/12/2012