A quelques jours du premier anniversaire de la signature de l’accord de Paix issu du Processus d’Alger, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, est en visite au Mali, depuis vendredi, pour discuter, avec les différents acteurs de l’accord, de l’état d’avancement du processus de paix. Et depuis avant-hier, les chefs des diplomaties française et allemande, Jean Marc Ayrault et Frank-Steinmeier, sont en visite de 72 heures au Mali. L’impasse du processus de paix, une année après la signature de l’accord de paix, était au cœur des différentes rencontres que les diplomates ont eu avec les autorités maliennes et les autres acteurs impliqués dans la mise en œuvre de l’accord.
Après sa rencontre avec le Président de la République, le secrétaire général adjoint des Nations Unies chargé des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, a déclaré : « l’objectif de la Minusma doit être à la fois d’accompagner la mise en œuvre des accords de 2015, les accords dont nous allons fêter le premier anniversaire dans 15 jours. Donc, il faut que le plus possible d’éléments concrets de mise en œuvre qui donneront une crédibilité accrue et l’appropriation de la population. Et puis, l’autre objectif est que tout cela se réunisse, c’est de faire faciliter par tous les moyens, la restauration de l’état de droit malien, dans un contexte dont nous voyons bien, qui est celui d’une recrudescence de l’action des forces négatives, le terrorisme… ».
« La France souhaite orienter une grande partie de ses actions de développement au nord du Mali », a annoncé à la presse Jean-Marc Ayrault, le ministre français des Affaires étrangères. Le chef de la diplomatie française s’exprimait ainsi au palais de Koulouba dans le cadre d’une visite de 72 heures au Mali et au Niger, en compagnie de son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier.
Au moment où le processus de paix au Mali est plus souvent menacé par les groupes djihadistes, les ministres français et Allemand des Affaires étrangères ont exprimé l’engagement de leurs pays à soutenir la stabilisation du Mali. Les ministres européens qui ont rencontré les autorités maliennes se sont aussi rendus dans la ville de Gao au nord afin de rencontrer les forces armées maliennes et étrangères opérant dans la zone.
Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a rappelé l’importance de cette visite conjointe dont le centre d’intérêt était la consolidation du processus de paix au Mali. L’intervention française en 2012 et le soutien militaire de l’Allemagne ont été salués par les autorités maliennes qui espèrent accélérer le processus de paix.
La France et l’Allemagne qui constituent deux pays influents de la politique extérieure de l’Union européenne confirment ainsi une position identique au sujet du Mali. La visite des chefs de la diplomatie de deux pays au Mali intervient après celle du président en allemand en février dernier, puis celle du Premier ministre Français Manuel Valls.
Jean-Marc Ayrault s’est réjoui des avancées de la mise en œuvre de l’accord d’Alger, notamment les réformes politiques en cours pour installer les autorités intérimaires. Autre motif de satisfaction pour le ministre français des Affaires étrangères, plusieurs pays de l’Union dont l’Allemagne ont à présent rejoint les efforts français dans la stabilisation du Mali.
Les deux ministres ont également évoqué la détermination de leurs pays à soutenir les efforts engagés par les Etats de la sous région à combattre le terrorisme et le sous-développement. « Nous soutenons les efforts du G5 Sahel », a déclaré Jean-Marc Ayrault qui tient à travailler sur la stabilisation de la Libye avec les 5 pays du Sahel (le Tchad, le Niger, le Mali, la Mauritanie et le Burkina Faso).
S’agissant de la présence militaire de la France, Jean-Marc Ayrault a fait savoir que les soldats français ne restent pas éternellement au Mali. Toutefois, il a estimé que les forces Barkhane resteront aussi longtemps que l’insécurité est préoccupante au Mali et dans les pays du Sahel.
A noter qu’une année après sa signature, l’Accord pour la Paix et la réconciliation au Mali issu du processus de paix d’Alger est dans l’impasse. Le comité de suivi de l’accord (CSA), chargé de sa mise en œuvre, est encore à l’étape embryonnaire. Après huit réunions, seules deux questions, qui pouvaient d’ailleurs être évacuées depuis lors de la première séance de travail du comité, ont pu être tranchées. Il s’agit de la question de la représentativité et celle relative au budget de fonctionnement du comité. La 8e réunion du comité de Suivi de l’accord s’est achevée, le mardi 26 avril, en queue de poisson. Les travaux ont encore buté sur la mise en place des autorités intérimaires et les mécanismes sécuritaires dont l’opérationnalisation du Mécanisme opérationnel de coordination (Moc).
Soumaila T. Diarra/ Madiassa Kaba Diakité