« Une des plaies en passe de gangréner notre démocratie et certaines de nos libertés fondamentales réside dans le non respect des règles déontologiques et les manquements graves aux cahiers de charges constatés au niveau de certaines presses » : le président de l’Assemblée nationale Issiaka Sidibé n’a pas pris de gants pour dénoncer les tares de la presse. C’était lors de l’ouverture solennelle de la session parlementaire d’avril, lundi après-midi, en présence du Premier ministre Modibo Kéita, des membres du gouvernement, des présidents d’institutions, des diplomates et des autorités coutumières de Bamako.
Le titulaire du perchoir a jugé nécessaire une croisade sans merci contre les dérives des médias qui portent, selon lui, atteintes à l’honneur, à la dignité et à la réputation des personnalités publiques et privées, et comportent des incitations à la violence ou même à la haine. Toute chose en déphasage total avec le rôle que les organes de presse doivent jouer dans une société démocratique.
Le président de l’Assemblée nationale a salué au passage le lancement des activités de l’Autorité de protection des données à caractère personnel qui permettra d’exiger de tous les utilisateurs de données personnelles le respect de la législation en vigueur dans un contexte marqué par la révolution technologique et l’abondance des réseaux sociaux.
Issiaka Sidibé a rappelé que la présente session du parlement s’ouvre dans un contexte marqué par la quête de solutions durables à des préoccupations nationales liées notamment, à la question sécuritaire et à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Notant que le terrorisme n’a pas frontière, il a lancé un appel à l’union à tous les peuples épris de paix et de justice, afin de créer une synergie d’actions permettant de contrer le péril djihadiste. « Il y va de notre intérêt à tous, dira-t-il, car le développement de notre continent se trouve sérieusement compromis par ces actes ignobles de violence gratuite. » A cet effet, il a salué la décision prise par le G5 Sahel de créer des unités d’intervention rapide pour faire face aux menaces terroristes.
Dans le cadre du processus de paix, le président de l’Assemblée nationale s’est réjoui de la récente visite effectuée dans notre pays par une délégation du Conseil de sécurité des Nations unies. Cette visite d’évaluation de la situation sécuritaire et de la mise en œuvre de l’accord prouve, selon Issiaka Sidibé, que le Mali n’est pas seul dans son combat et qu’il peut continuer à compter sur l’appui de la communauté internationale. Il a exhorté toutes les parties à l’accord de paix à respecter leurs engagements.
Le président de l’Assemblée nationale a par ailleurs évoqué les changements climatiques en se félicitant des conclusions de la COP21 de Paris en décembre dernier. Il a salué cet accord « contraignant » et « universel » sur le climat, applicable à tous les pays, dont l’objectif est de maintenir le réchauffement à 2°C.
Pour Issiaka Sidibé, le devenir de nos États, à travers l’organisation d’élections transparentes, apaisées et crédibles, est une question absolument vitale. Le respect strict des textes fondamentaux, de l’Etat de droit, de la démocratie et des droits de l’Homme permet d’enrayer non seulement la violence électorale mais aussi les crises post-électorales sur le continent, a-t-il estimé.
Revenant sur la vie du parlement, il a salué le dynamisme de la diplomatie parlementaire qui en plus de sa vitalité dans les rencontres statutaires des organisations interparlementaires, des visites d’amitié et de travail dans certains pays, brille par le fait qu’elle a remporté des succès éclatants sur le terrain de la coopération interparlementaire. Il s’est réjoui à ce propos de la décision des autorités cubaines de relancer les relations de coopération avec notre pays, à travers notamment le retour des brigades médicales, la mise à disposition de professeurs et la reprise de l’Opération Milagro.
Deux autres succès d’envergure ont fait la fierté de notre pays par l ‘entremise de son parlement. Il s’agit de la désignation du Mali pour abriter la 12è conférence de l’UPCI prévue en 2017 et la 24è Assemblée régionale de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF), prévue dans deux mois, soit en mai 2016, ici à Bamako.
Le programme de cette session d’avril prévoit une cinquantaine de propositions et de projets de loi. Y figure aussi l’examen de certains rapports, entre autres, celui de la commission ad hoc de mise en accusation de l’ancien président de la République Amadou Toumani Touré et le rapport de la commission d’enquête sur les événements de Kidal.
L. ALMOULOUD
Source: Essor 06/04/2016