A Gao, «un militaire malien, quatre islamistes et deux civils ont été tués dimanche au cours des échanges de coups de feu entre l’armée malienne et les islamistes» survenus dans le nord-ouest de la ville (située à 1.200 km au nord-est de Bamako), a déclaré à l’AFP une source sécuritaire africaine présente sur place. A la mi-journée, la situation était redevenue «calme» à Gao, a-t-elle affirmé. Une source militaire malienne à Gao a fourni le même bilan, et un médecin a confirmé la mort de «deux civils». De son côté, dans un communiqué publié dimanche soir, l’état-major de l’armée malienne a fait état d’un militaire malien tué et de quatre blessés. Un adolescent est mort et trois autres civils ont été blessés, a-t-il précisé.
Selon l’état-major, les forces armées maliennes et les troupes nigériennes qui les aident ont été «appuyées» par des unités françaises face à la «dizaine d’hommes armés» qui s’étaient infiltrés durant la nuit et avaient tiré près d’un camp militaire dans le sud de Gao. Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), l’un des groupes islamistes armés ayant occupé le nord du Mali avec Aqmi de la mi-2012 jusqu’à l’opération militaire franco-africaine lancée en janvier, avait revendiqué cette «attaque».
Ancien fief de ce mouvement islamiste, Gao a été libérée en janvier mais a subi en février des attentats-suicides – les premiers de l’histoire du Mali – et a été le théâtre de violents accrochages entre les forces franco-maliennes et les jihadistes. Dans les alentours de Gao, des affrontements entre troupes alliées et islamistes ont lieu encore régulièrement. Ce regain de violences dans Gao même survient au lendemain de la confirmation par la France de la mort d’Abou Zeïd, 46 ans, précédemment annoncée par le Tchad. Désigné «il y a quelques jours» comme son successeur, un autre Algérien, Djamel Okacha, 34 ans, doit encore être confirmé dans ses fonctions lors d’une réunion de la direction d’Aqmi, selon le patron d’Ennahar TV, Mohamed Mokeddem.
Djamel Okacha, dont le pseudonyme est Yahia Aboul Hammam, est un proche du chef d’Aqmi, Abdelmalek Droukdel. Selon la présidence française, Abou Zeïd a trouvé la mort fin février «lors des combats menés par l’armée française dans l’Adrar des Ifoghas», massif montagneux de l’extrême nord-est du Mali, voisin de l’Algérie, où les soldats français bénéficient de l’appui des troupes tchadiennes. «Je suis heureux de sa mort», a réagi dimanche le chef de la diplomatie malienne, Tiéman Coulibaly. Dans un communiqué publié par l’Agence Nouakchott Information (ANI), un site mauritanien, Aqmi a menacé de tuer ses otages français. Dans ce message adressé aux familles et au «peuple français», il a appelé les proches des otages à «faire pression» sur le gouvernement français pour qu’il cesse son intervention au Mali. Les hommes d’Abou Zeïd détiennent toujours au moins cinq ressortissants français.
Un sixième otage, Philippe Verdon, enlevé en novembre 2011 au Mali, a été exécuté le 10 mars par ses ravisseurs, selon un porte-parole d’Aqmi. Sa mort n’a toujours pas été confirmée par Paris. Il s’agirait du premier otage français exécuté depuis le début de l’opération française au Mali. La ministre française de la Francophonie, Yamina Benguigui, a reconnu que la France avait opéré «un changement de doctrine» dans la gestion de ses otages, comme on l’interrogeait sur l’arrêt du versement de rançons par Paris aux ravisseurs.
Par AFP 2013-03-25 15:58:34