La formation du nouveau gouvernement n’a pas fait seulement du mal au président de l’Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, dont les partisans ont été totalement ignorés. Elle risque aussi de coûter chère au groupe parlementaire jadis dit de l’opposition. Associé au Parti pour la renaissance nationale dans le groupe parlementaire Parena/Sadi, les députés s’opposent à la politique du gouvernement sur plusieurs aspects. Ainsi, lors des sorties médiatiques, les deux partis expriment leur opposition aux projets de loi relatifs à la privatisation de la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT), les biotechnologies (et notamment l’autorisation des organismes génétiquement modifiés -OGM) et aux budgets de l’état . Le député Oumar Mariko qui préside le groupe parlementaire Parena/Sadi interpelle les ministres sur la situation des Maliens émigrés, déplore le sort réservé aux sans-papiers expulsés de France, d’Espagne ou de la Libye, dénonce l’accord signé avec l’Espagne et souhaite que le gouvernement malien refuse de signer l’accord de réadmission voulu par la France.
Ces deux partis avaient jusqu’ici rendu la vie difficile à certains membres du gouvernent soumis régulièrement à des séances d’interpellations. En effet, à travers l’honorable Oumar Mariko et l’ancien ministre et économiste Konimba Sidibé, la voix de l’opposition était audible, sinon entendue à l’Assemblée nationale, accordant à ces deux élus de la Nation, une certaine popularité et surtout une grande crédibilité auprès des populations qui n’hésitent plus à les solliciter pour leurs problèmes. En 2009, le parti Sadi réussit une percée aux élections communales obtenant 254 conseillers communaux contre 96 en 2004. Quinze maires sont élus sur la liste du parti Sadi.
Le cercle de Koutiala devient du coup son bastion avec 103 conseillers communaux et cinq maires, dont Dramane Sountoura élu à Koutiala. Une embellie qui risque de ne plus durer car le groupe est appelé à disloquer avec l’entrée du Parena au gouvernement. Et au parti, on ne cache pas sa déception. Dans un entretien téléphonique le jeudi dernier, Oumar Mariko, a fait part de son malaise avec cette nouvelle situation. « La situation n’est pas facile à gérer.
Normalement, ils ne sont plus de l’opposition et je vois bien que les Maliens n’aiment pas l’opposition». Désormais obligé de composer avec un partenaire avec qui il n’a plus grand-chose, le député élu à Kolondiéba entend « gérer jusqu’à la fin du mandat et après, chacun prendra son chemin ». Leur toute première épreuve sera sans nul doute le vote de la déclaration de politique générale du nouveau Premier ministre attendue cette semaine. Du côté du Parena, on évite bien sûr la question.
Visiblement, au parti de Tiébilé Dramé, on est très gêné et il faut assumer puisqu’il n’avait pas le choix. D’ailleurs, le député Parena élu à Dioïla, Konimba Sidibé, n’a pas caché son malaise. Contacté par nos soins, l’ancien ministre sous la transition se refuse de « tout commentaire avant la réunion du groupe parlementaire ». On s’attend bien sûr à des échauffourées dans les jours à venir au sein du parti du Bélier blanc.
Abdoulaye Diakité
L’ Indicateur Renouveau 11/04/2011