En effet, les décisions importantes entérinées par le cadre de concertation, dont sont membres le ministère de l’Administration territoriale et des collectivités locales, les chefs de partis, en l’occurrence ceux du Gps-2012 (regroupement des 45 partis politiques) et la commission sur la relecture de la loi électorale présidée par Me Demba Traoré ont été, contre toute attente, rejetées par l’Assemblé nationale, notamment la suppression du vote par témoignage.
Ce désaveu inhabituel des députés a, du coup, créé des dysfonctionnements, car les acteurs politiques et le gouvernement avaient trouvé des palliatifs, en l’occurrence, la confection de cartes d’identification des électeurs avec photos. Ce qui avait d’ailleurs entraîné des débats, à propos de la prise en charge des photos des électeurs. L’administration avait trouvé les coûts trop élevés pour l’Etat qui avait signalé des dépenses d’environ 4 milliards pour la confection desdites cartes. Les chefs de partis avaient exigé que ce soit l’Etat qui paie ces photos à la place des électeurs. A l’hémicycle, une partie des députés avaient réitéré ce point de vue et l’autre partie avait tout simplement demandé de supprimer ces cartes d’identification qui ne feraient que générer des dépenses inutiles.
C’est à ce titre que le député Lancéni Balla Kéita avait soutenu, vu la proximité des échéances électorales, qu’il était impossible de confectionner ces cartes d’identification à temps. Il avait, sur ce point, attiré l’attention sur les complications pratiques que pouvait entraîner un tel travail sur l’étendue du territoire national, en prenant l’exemple du Ravec dont le travail s’est avéré si minutieux que les délais ont été faussés.
Le député Konimba Sidibé avait signalé l’inopportunité du maintien des cartes d’identification des électeurs, puisqu’elles devaient suppléer la suppression du vote par témoignage. Selon nos sources, ce point qui risque de créer la pomme de discorde dans le débat de ce jour figure parmi d’autres : le couplage des élections, le chronogramme électoral… Ils conduisent à se demander s’il ne faut pas revoir les stratégies du cadre de concertation pour en proposer de nouvelles puisqu’il se heurte désormais à des écueils incontournables, dont le moindre est la sanction de l’Assemblée nationale, à laquelle, paradoxalement, figurent d’éminents membres du cadre, pour ne citer que le président de l’hémicycle, Dioncounda Traoré.
Ces contrariétés font qu’aujourd’hui plusieurs questions sont posées, entre autres : la réelle pertinence du cadre de concertation, son rôle, les enjeux financiers et surtout la question de savoir à qui profite vraiment la fraude que l’on tente de circonscrire en annulant les votes par témoignages et procurations qui restent le fonds de commerce électoral de beaucoup d’hommes politiques.
En effet, aller jusqu’à faire accepter la pirouette politique à l’Etat et aux chefs de partis n’est pas dans la tradition des honorables députés. Ce qui a poussé certains observateurs à dire que si des élus sont allés jusqu’à mener le bras de fer avec le président ATT, notamment en désavouant les importantes décisions du cadre de concertation où siège le ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales, le général Kafougouna Koné, c’est véritablement pour sauver leurs intérêts particuliers.
Baba Dembélé
Le Républicain