Alors que les relations diplomatiques sont particulièrement tendues ces derniers mois entre la France et le Mali, Emmanuel Macron est attendu le 20 décembre à Bamako, où il rencontrera son homologue Assimi Goita.
Une visite qui n’est pas sans lien avec le récent renforcement de la coopération militaire entre Bamako et Moscou selon un analyste.
« Il est évident qu’Emmanuel Macron ne viendra pas les mains vides, fort de sa nouvelle présidence de l’Union européenne (UE) qui commence le 1er janvier 2022. Il lui faut obtenir un résultat positif lors de ce déplacement », estime Emmanuel Desfourneaux, directeur de l’Institut afro-européen de Paris, interrogé par Sputnik.
Selon l’Élysée, le chef de l’État français se rendra le 20 décembre à Bamako où il s’entretiendra avec le Président de la transition, le colonel Assimi Goita. Il est également prévu qu’il célèbre Noël avec les soldats de la force Barkhane stationnés à Gao.
À en croire Emmanuel Desfourneaux, ce voyage au Mali « est une course de vitesse qu’entame Macron pour doubler la Russie », un partenaire traditionnel avec lequel le Mali a récemment renforcé sa coopération notamment sur le plan sécuritaire.
« La France s’est trop investie militairement et ne souhaite pas laisser ce pays entre les mains des Russes. Ce serait d’ailleurs un coup dur qui mettrait en cause sa présence militaire au Sahel et plus particulièrement dans les pays du G5 », soutient l’analyste français.
Le Président français qui craindrait un risque d’effet domino dans la région, espère sans doute séduire à travers ce déplacement les autorités maliennes, mais au-delà, les dirigeants de la région du Sahel où un sentiment antifrançais est de plus en plus prégnant.
En témoigne récemment la mobilisation populaire au Burkina Faso et au Niger contre le passage d’un convoi militaire français en route pour le Mali.
« On n’est plus dans l’esprit du sommet de Pau où les chefs d’État africains étaient convoqués. On n’est plus non plus dans l’esprit du dernier sommet Afrique-France où les chefs d’États africains étaient ignorés. Il faut convaincre Assimi Goita. Et à cet effet, plus d’Europe [Macron plaide pour une plus grande implication des Européens au Sahel, ndlr] et des concessions sur le calendrier de la transition seront les armes de Macron », poursuit Emmanuel Desfourneaux.